Un exceptionnel David contemplant la tête de Goliath de Guido Reni est mis en vente conjointement par Artcurial et Millon à Paris, le 25 novembre.
Disparue depuis plus de deux siècles, cette œuvre majeure de Guido Reni (1575-1642) a été redécouverte dans une collection privée. Ses propriétaires ignoraient la valeur du tableau, persuadés de détenir une simple copie. Or ce chef-d’œuvre correspond à une version signalée en 1736 dans la collection du prince Eugène de Savoie, dont l’ancien propriétaire n’était autre que Francesco Ier d’Este, duc de Modène (1610-1658), qui lui-même l’avait acquise directement auprès de l’artiste. Transférée ensuite à Paris, lors des conquêtes d’Italie par le général Pierre-Antoine Dupont de l’Étang, c’est chez ses descendants qu’elle a été retrouvée.
Selon Matthieu Fournier, à la tête du département des Maîtres anciens chez Artcurial, « il s’agit d’une estimation très conservatrice, pour une toile qui coche toutes les cases ». En effet, « c’est un grand nom, la meilleure période de l’artiste, son historique est absolument parfait et son état de conservation est impeccable », souligne l’expert Stéphane Pinta.
Influencé par le caravagisme, Guido Reni reprend son réalisme cru, l’attention à la matière et l’usage dramatique du clair-obscur. Mais là où Caravage privilégie l’intensité violente, Reni impose une vision apaisée, fondée sur l’idéal et l’harmonie. Avec son David…, il franchit une étape décisive dans son évolution stylistique et dans l’affirmation de l’école bolonaise.Le tableau met ainsi en scène la rencontre entre deux esthétiques du Seicento : le naturalisme caravagesque et l’idéal classique. Une tension féconde qui fait de Reni une référence durable pour les artistes de son temps.
« J’ai tout de suite fait le rapprochement avec l’autre tableau du Louvre », souligne l’expert Éric Turquin, faisant allusion à la composition similaire commandée par le banquier Ottavio Costa, puis acquise par Charles III de Créquy (ambassadeur de Louis XIV à Rome). Selon l’expert, les deux versions auraient pu être peintes simultanément, l’une pour un commanditaire, l’autre pour l’artiste. Il se souvient aussi d’une version passée chez Sotheby’s Londres en 1985 – quand il était à la tête de son département de Peintures anciennes – finalement reconnue comme une copie d’un collaborateur du maître, peut-être Simone Cantarini, vendue malgré tout 2,2 millions de livres sterling[2,5 M€].
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Un Guido Reni disparu depuis deux siècles
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°790 du 1 novembre 2025, avec le titre suivant : Un Guido Reni disparu depuis deux siècles






