Sotheby’s

Un Goya dans la vente Rothschild ?

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 16 avril 2004 - 577 mots

La vente de la collection de la baronne Eugène de Rothschild fut ponctuée d’une enchère surprenante.

 PARIS - Malgré la frilosité des acheteurs face à une marchandise sans saveur, les surprises sont parfois au rendez-vous. Ce fut le cas le 31 mars lors de la dispersion de la collection de la Baronne Eugène de Rothschild et divers amateurs par Sotheby’s. À la vision de l’ensemble, tiède et très classique, il semblait évident que cette Rothschild n’était pas la mieux lotie de la famille ! Les 78 objets présentés déparaient avec le goût gorgeous de cette dynastie, de même que les 266 autres lots appartenant à divers amateurs. Le public ne s’y est pas trompé comme le prouve un taux de ravalés de près de 36 % pour un total de 1,4 million d’euros. La proportion d’objets vendus en valeur est de 83 %, résultat en trompe l’œil dopé par la politique d’estimations basses de la maison de ventes et deux enchères déconcertantes. « La vente était satisfaisante dans le contexte actuel, avec une moyenne de lots à 7 000 euros chaque. Comme toujours, les petits lots ne se vendent pas très bien », commente de son côté l’auctioneer Alain Renner.
La première partie de la vacation, consacrée pour moitié à la collection de la baronne Rothschild, a relativement bien marché avec un produit de 919 756 euros. Alors que le chapelet des objets Rothschild arrivait à son terme, un Portrait présumé de José Romero, attribué à l’entourage de Francisco de Goya, a bondi de son estimation de 10 000 euros pour atteindre 245 440 euros ! S’agirait-il d’un vrai Goya, mal attribué par Sotheby’s ? La maison de ventes se refuse à tout commentaire, précisant simplement que son appréciation avait été confirmée par les spécialistes du maître espagnol. Un avis que, manifestement, l’adjudicataire, la galerie Talabardon & Gautier et son sous-enchérisseur immédiat, le galeriste Charles Bailly, ne partageaient pas ! « Logiquement, à l’époque où le tableau a été peint, il n’y avait pas d’“entourage” possible. Peut-être que nous avons tort de penser que c’est de la main de Goya, peut-être que notre rêve sera réalité. L’avenir nous le dira… », confie Bertrand Talabardon.

Provenance alléchante
La seconde enchère importante de cette session revenait à une jardinière en bois laqué gris et bronze doré, travail étranger de la fin du XVIIIe siècle adjugé 48 000 euros, soit dix fois son estimation. Pour payer aussi cher un objet purement décoratif, l’enchérisseur, un marchand anglais, a dû déceler une provenance alléchante derrière l’étiquette Reinchenau NVR qui lui était accolée !
Lors de la seconde vacation, les œuvres africanistes de Jacques Majorelle ont affiché de bons résultats. Une belle détrempe et gouache, Harmonie en noir, partait à 114 000 euros sur une estimation trop modeste de 15 000 euros, tandis que Femme dans une orangeraie décrochait 86 400 euros. Des prix moins faramineux qu’on ne le pense, d’autant plus logiques que l’on trouve difficilement des tableaux convenables de cet artiste à moins de 50 000 euros. La couverture du catalogue, une paire de statues de nègres porte-fleurs en céramique de Minton, très kitsch, a doublé son estimation avec 48 000 euros. « Je m’attendais à ce qu’elle fasse un peu plus, de l’ordre de 100 000 euros, mais un des deux nègres était assez restauré », observe Alain Renner. Malgré la provenance d’Alexandre Dumas fils, le particulier étranger qui l’a achetée n’est pas monté au créneau plus que de raison.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°191 du 16 avril 2004, avec le titre suivant : Un Goya dans la vente Rothschild ?

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