États-Unis - Ventes aux enchères

Un généreux collectionneur

La vente Douglas Cramer a rapporté 2,9 millions de dollars

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 30 mai 1997 - 571 mots

Christie’s a dispersé les 7 et 8 mai à New York, pour un montant de 2,9 millions de dollars, un ensemble de 22 sculptures provenant de l’une des plus importantes collections privées d’art contemporain, celle du producteur hollywoodien Douglas S. Cramer et de sa Fondation. D’autres œuvres de la collection Cramer ont été offertes à plusieurs musées, dont le MoMA à New York et la Tate Gallery à Londres.

NEW YORK. L’un des producteurs les plus fortunés d’Hollywood, Douglas S. Cramer, qui compte plus de cent films et téléfilms à son actif, a débuté vers 1965 une collection d’œuvres d’artistes californiens, étendue ensuite aux grands artistes américains en général, avant d’être amplifiée de manière considérable au cours des années quatre-vingt. Selon Christie’s, sa collection est maintenant "un des plus importants ensembles d’art américain de la fin du XXe siècle qui soit au monde". Quittant son ranch californien de La Quinta Norte – un cadre spectaculaire pour ses sculptures – et s’installant à New York, Douglas Cramer a mis en vente vingt-deux œuvres chez Christie’s New York, les 7 et 8 mai. L’enchère la plus élevée a porté sur un groupe de trois figures en bronze de Joel Shapiro, exécutées en 1982 : 607 500 dollars, un record pour cet artiste. Une sculpture en acier d’Ellsworth Kelly a été adjugée 442 500 dollars ; Stack, l’un des empilements de Donald Judd, 266 500 dollars ; The Conversation de Roy Lichtenstein, 266 500 dollars ; Ring de Mark Di Suvero, 222 500 dollars, et un mobile d’Alexander Calder, 222 500 dollars. Le président de Christie’s New York, Christopher Burge, s’est déclaré "ravi de l’accueil enthousiaste" qu’il a reçu.

Donation à des musées
Une enquête menée par The Art Newspaper révèle qu’avant cette dispersion, Douglas Cramer avait offert des pièces à plusieurs musées. Le Museum of Modern Art de New York a ainsi reçu une œuvre d’Andy Warhol. "Nous envisagions d’acquérir un ensemble de boîtes de soupe Campbell quand Douglas S. Cramer nous a annoncé qu’il ferait le premier pas en nous offrant une boîte de la série Tomato", explique Kirk Varnedoe, conservateur en chef au MoMA, où Douglas Cramer a été récemment nommé à la présidence du comité d’acquisition. Le producteur déclare volontiers que la Tate Gallery est son "se­cond musée favori", auquel il a offert deux sculptures, Sala­mander d’Anthony Caro et Trip Hammer de Richard Serra. À Los Angeles, Douglas Cramer est l’un des administrateurs-fondateurs du Musée d’art contemporain, et il en a été le président jusqu’en 1993. Dans le passé, il a offert plusieurs œuvres au musée, mais leurs relations se sont quelque peu distendues. Toutefois, des pourparlers se poursuivent à propos d’éventuelles donations. Le collectionneur possède également une galerie à Santa Ynez, ouverte au public sur rendez-vous, qui présente environ 80 œuvres provenant pour moitié de la Fondation Douglas S. Cramer, pour moitié de sa collection personnelle. D’après une source proche de la Fondation, il est très probable qu’avec le départ de Douglas Cramer, "la collection de la galerie de Santa Ynez sera dispersée sans tarder." Il reste à savoir quelles sont les intentions de Douglas Cramer. Martha Baer, la directrice de Christie’s, estime que "le produit de la vente des sculptures ira aux budgets d’acquisition, aux fondations et aux fonds de construction des musées que Douglas S. Cramer soutient avec générosité depuis des années." Ce qui laisse supposer que le MoMA pourrait être l’un des grands bénéficiaires de l’opération.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°39 du 30 mai 1997, avec le titre suivant : Un généreux collectionneur

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