Artcurial

Un design « génération Mitterrand »

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 19 novembre 2004 - 559 mots

Les meubles du couple présidentiel se sont envolés chez Artcurial. Une dynamique qui a profité à l’ensemble de la vente de mobilier contemporain.

 PARIS - Le 26 octobre, la vente de design orchestrée par Hervé Poulain avec l’assistance du spécialiste maison Fabien Naudan s’est emballée chez Artcurial. Les neufs lots de mobilier présentés par Danielle Mitterrand ont hypermédiatisé la vente et littéralement surchauffé une salle comble. « Quand la mayonnaise prend, c’est Broadway ! », plaisante Fabien Naudan qui n’en revient toujours pas de tout ce remue-ménage présidentiel providentiel. « On a fait beaucoup mieux que d’habitude. » Avec 80 % de lots vendus et 115 % en valeur, c’est un coup d’éclat. Sous le feu des projecteurs, une série de pièces du designer danois Poul Kjaerholm (éd. E. Kold Christensen) que le couple Mitterrand avait ramenées en France à la suite d’un voyage au Danemark en 1971, se sont envolées. Ainsi du fauteuil de repos PK21 en acier brossé et cuir utilisé comme fauteuil de lecture par François Mitterrand dans son bureau de la rue de Bièvre, de la paire de chauffeuses PK22 du salon ou encore d’une paire de tabourets PK41, arrachés bien au-delà de l’estimation. Le Parti socialiste s’est porté acquéreur de la table PK54 (1963) et de la suite de six chaises PK9 (1960-1961) de la salle à manger familiale pour un total de 18 744 euros. Cet ensemble ira rejoindre la rue de Solferino. « Beaucoup de personnalités socialistes se sont assises à cette table, des choses importantes pour la vie du parti s’y sont discutées. Elle a une symbolique », a déclaré Julien Dray, porte-parole du PS. Dans la foulée, venant également de la rue de Bièvre, une édition vers 1970 de la 670 & 671 Lounge chair, le célèbre fauteuil de repos de Charles et Ray Eames créé en 1956 pour Herman Miller, partait à 12 093 euros, un prix record pour cette pièce, et les roches lumineuses Dorra (vers 1969) d’André Cazenave ont été adjugées au quadruple de leur estimation pour 3 628 euros les trois. Provenant de la résidence familiale de Latche, le lit de repos de François Mitterrand, une édition de 1971 de la création de l’architecte allemand Ludwig Mies van der Rohe, a été enlevé par un publicitaire admirateur de l’ancien président, pour le double attendu, soit 9 674 euros, et une chaise longue à réglage continu LC4 du Corbusier (éd. Cassina), estimée 5 000 euros maximum, a aussi vu les enchères s’envoler à 9 674 euros. In fine, l’ensemble Mitterrand, attendu autour de 27 000 euros, a rapporté trois fois plus. L’excitation déclenchée par l’effet Mitterrand a contaminé la suite de la vacation sur des valeurs sûres comme sur des lots plus insignifiants. « L’alchimie a créé une ambiance de surenchère », convient Fabien Naudan. L’attention s’est notamment cristallisée sur la gigantesque lampe Moloch de 1970 de Gaetano Pesce qui a décroché un record du monde à 145 561 euros. Un des rares exemplaires de cette icône du design italien des années 1970 avait réalisé le prix soutenu de 64 625 dollars (50 100 euros) le 16 mai 2000 à New York chez Christie’s. Et une table Knoll International de 1965, estimée 600-800 euros, est montée jusqu’à 5 200 euros. « J’avoue ne pas comprendre, indique l’expert. Elle n’avait aucun intérêt. » Mais quand les enchères s’enflamment...

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°203 du 19 novembre 2004, avec le titre suivant : Un design « génération Mitterrand »

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