foire

Un Art sans limites

L'ŒIL

Le 1 juin 2000 - 645 mots

À Bâle, marchands, créateurs, collectionneurs, institutionnels, venus de toute la planète, se retrouvent pour communier dans l’art contemporain. Cette foire est devenue au fil des ans un lieu d’échanges avec et entre les artistes, « l’Olympiade du monde de l’art » selon le New York Times.
Pour la première édition du millénaire, les organisateurs ont voulu frapper fort. Après « Art Statements », qui offre des stands de moindre surface à prix réduits consacrés aux one man shows de jeunes artistes, on inaugure cette année « Art Unlimited ». De quoi s’agit-il ? Tout simplement d’ouvrir le salon aux œuvres et projets insolites. La nouvelle plate-forme reçoit les travaux difficiles à caser dans des stands traditionnels et cela va loin : grandes installations et sculptures monumentales, toiles gigantesques, projections vidéo qui prendront place dans le nouveau hall de verre construit tout exprès l’an dernier. Le prix de l’emplacement est fixe, déconnecté des dimensions de l’œuvre. Plusieurs galeries peuvent s’associer et présenter une démarche commune et il y a de la surprise dans l’air. Samuel Keller a pris cette année le relais de Lorenzo Rudolf à la tête de la manifestation : « Bâle, dit-il, doit rester l’événement majeur du marché international, une “réunion familiale” qui en rassemble tous les acteurs. » Mais d’où vient cette indiscutable suprématie ? Paradoxalement, la crise de 1990 n’y est pas pour rien. « Un grand choc et une chance, affirme Samuel Keller. Nous avons été contraints d’avancer, de chercher un profil évolutif et d’adopter de nouveaux concepts. » Aujourd’hui, Bâle est au zénith loin devant les autres salons alors que, dans les années 80, la Fiac faisait jeu égal. Ce n’est plus le cas. Ni Paris, ni Cologne, ni Chicago, plus axés sur les artistes nationaux, n’offrent d’aussi vastes opportunités. À Bâle, on observe un élargissement constant du champ des exposants, cette année vers l’Asie, l’Amérique du Sud, la Scandinavie... Pourtant la sélection est féroce. Ils étaient plus de 800 en lice, 250 ont été retenus à l’issue de six jours de sélection. « C’est vrai, dit Samuel Keller, nous avons éliminé quelques bonnes galeries admises auparavant et qui se retrouvent sur la “waiting list” mais c’est la règle. » Pour Patrick Bongers de la galerie Louis Carré, Bâle est une foire très internationale et très commerciale où les affaires vont bon train, à ne pas comparer avec la Fiac qui joue un rôle pédagogique de premier plan pour les artistes français. La crise ? Pour lui aussi elle a eu un aspect bénéfique. « Il y avait plus de tableaux vendus que de crochets X, dit-il, l’art contemporain circulait comme un produit financier. Immanquablement on est allé dans le mur mais les bons ont traversé la tourmente tandis que les mauvais sont restés au tapis. » Pour Bâle, il a choisi Arroyo, Télémaque et Erró. Pour la galeriste Nathalie Vallois, Bâle est un engagement. « On y défend nos artistes et l’on s’y montre tel que l’on est. La confrontation avec les autres est très enrichissante. Bâle donne, en quelque sorte une “visibilité” globale de la spécialité à un moment donné. » La galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois y expose Jean François Fourtou, Gilles Barbier, Tatiana Trouvé... Parmi les autres marchands français, Michel Durand-Dessert expose Djamel Tatah, Balthasar Burkhard, William Wegman... Anne de Villepoix a choisi Jean Luc Moulène et Valérie Jouve. Catherine Putman montre Asse, Viallat, Baselitz... Alors inabordable l’art contemporain ? Pas toujours. À côté de prix considérables, bien des valeurs montantes restent accessibles. Comment choisir ? C’est là toute la question. « Il faut visiter foires et musées, conseille Patrick Bongers, patrouiller dans les galeries, se faire une idée, comprendre. » Ensuite, il faut aller chez son marchand comme chez son médecin ou son garagiste en toute confiance et s’en remettre à lui.

BÂLE, Art 31 Basel, tél. 41 61 686 20 20, 21-26 juin.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°517 du 1 juin 2000, avec le titre suivant : Un Art sans limites

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