Haute Epoque

Trésors français du Moyen Âge

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 12 novembre 2007 - 710 mots

L’art médiéval est à l’honneur à travers deux importantes collections françaises.

 PARIS - La Haute Époque a été remise à l’honneur depuis peu en vente publique chez Piasa, au rythme de deux ventes par an. La dernière en date, le 17 octobre à Drouot, a couronné une coupe et son couvercle de Limoges, datant du troisième quart du XVIe siècle, en émail peint en grisaille avec rehauts d’or et de rose. Attribuée à Jean III Pénicaud, elle a été achetée par un particulier français pour 122 725 euros. Deux collections françaises d’une insigne rareté apparaissent aujourd’hui sur le marché créant un événement majeur dans cette spécialité.
Marie-Thérèse et André Jammes, dont la collection historique de photographies a été dispersée chez Sotheby’s à Londres en 1999 et à Paris en 2002, ont réuni un ensemble d’images du Moyen Âge concentré autour d’un noyau dur de vingt-deux coffrets de messagers de la fin du XVe siècle au milieu du XVIe siècle, adornés de gravures d’époque à l’intérieur des couvercles. Estimés de 15 000 à 70 000 euros pièce, ils seront mis en vente chez Pierre Bergé & Associés (PBA) le 7 novembre à Drouot. En dehors de cet ensemble, il existe une soixantaine de coffrets dans le monde, dont quatorze à la Bibliothèque nationale de France et cinq à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. La collection Jammes comprend également une petite série de bois gravés antérieurs aux coffrets dont deux importants et uniques fragments de La Passion de Jésus à Jérusalem, vers 1460-1470, estimés 100 000 euros, ainsi qu’une vingtaine d’images publiées entre la fin des XVe et XIXe siècles incluant une rarissime suite de sept planches sur l’Histoire fort plaisante de la vie pastorale et la fin d’Icelle, vers 1585, estimée 75 000 à 100 000 euros.

Le grand diptyque de la Passion
La collection Dormeuil, soit une vingtaine d’ivoires et d’émaux médiévaux offerte par Sotheby’s à Paris le 19 novembre, est admirable. Constituée initialement par Georges Dormeuil (1856-1939) puis continuée par ses fils et petit-fils, elle date, pour la moitié des pièces présentées, du début du XXe siècle. « Si certains objets de la collection furent légués aux musées du Louvre et Carnavalet par Georges Dormeuil, et d’autres vendus par ses héritiers en 1949, la collection en conserve un ensemble exceptionnel », rappelle dans la préface du catalogue James Stourton, président de Sotheby’s pour le Royaume-Uni et ami de la famille. Le lot phare est un extraordinaire et rare diptyque de la Passion, en ivoire, de 24,7 x 31,4 cm, le plus grand répertorié à ce jour. Estimé 1,2 à 2 millions d’euros, ce chef-d’œuvre fait partie d’un groupe de diptyques réalisés à Paris dans la deuxième moitié du XIVe siècle. Outre ses dimensions importantes, cette pièce à trois registres se distingue par son style narratif très dense dans une composition très structurée d’un relief d’une profondeur étonnante et a été préservée dans un incroyable état de conservation. Notons une splendide et maternelle Vierge à l’enfant en ivoire, vers 1250, de 30 cm de haut. Estimée 200 000 euros, elle provient de la collection Émile Molinier, conservateur au Musée du Louvre. Estimées raisonnablement 100 000 euros chacune, deux châsses-reliquaires en émail champlevé retiendront l’attention : l’une vers 1220-1230, achetée à Drouot en 1971 dans la collection David-Weill, représente l’histoire de sainte Valérie, martyre locale très admirée en Limousin au XIIe siècle ; l’autre de la fin du XIIe siècle illustre le martyre de saint Thomas Becket. « Ce sujet est extrêmement rare. Car lorsqu’en 1538, Henri VIII a « décanonisé » Thomas Becket suivant la constitution de l’Église d’Angleterre, il ordonna la destruction de toutes les images du saint, explique l’expert Ulrike Goetz. Par sa qualité d’exécution, cette châsse peut être comparée à celle que nous avons vendue à Londres en 1996 pour 4,1 millions de livres (5,9 millions d’euros), aujourd’hui au Victoria and Albert Museum de Londres. »

- COLLECTION MARIE-THÉRÈSE ET ANDRÉ JAMMES : COFFRETS DE MESSAGERS, IMAGES DU MOYEN ÂGE ET TRADITIONS POPULAIRES, vente le 7 novembre à l’hôtel Drouot, 9, rue Drouot, 75009 Paris, SVV Pierre Bergé & Associés, tél. 01 49 49 90 10, expositions publiques : le 6 novembre 11h-18h et le 7 novembre 11h-14h, www.pba-auctions.com - COLLECTION DORMEUIL : IVOIRES ET ÉMAUX DU MOYEN ÂGE, vente le 19 novembre à la galerie Charpentier, Sotheby’s, 76, rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris, tél. 01 53 05 53 05, expositions publiques : du 14 au 17 novembre 10h-18h, le 18 novembre 14h-18h et le 19 novembre 10h-12h, www.sothebys.com

COLLECTION JAMMES - Expert : Arsène Bonafous-Murat - Estimation : 1,5 million d’euros - Nombre de lots : 64 COLLECTION DORMEUIL - Expert : Ulrike Goetz et Liz Mitchell - Estimation : 3 millions d’euros - Nombre de lots : 27

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°268 du 2 novembre 2007, avec le titre suivant : Trésors français du Moyen Âge

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