Sculpture

Toutes les formes de Chana Orloff

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 27 avril 2016 - 528 mots

La galerie Marcilhac rend hommage à Chana Orloff, figure majeure de l’École de Paris, à travers une rétrospective où jaillit la pureté des volumes.

PARIS - « Je voudrais que mes œuvres soient aussi vivantes que la vie ». C’est ainsi que la sculptrice appréhendait son travail de modelage. Née en Ukraine en 1888, elle arrive à Paris en 1910. Remarquée aux cours du soir de la Petite école qu’elle suit parallèlement à sa formation de couturière, elle intègre en 1911 l’École des arts décoratifs, tout en fréquentant l’Académie Vassilieff, creuset de l’avant-garde, où elle rencontre Modigliani, Zadkine et Soutine. Elle y développe son propre langage : traitement en aplats, fluidité de la ligne et déformation allongée des volumes. Bien accueillie par le public, elle sera exposée en Europe, aux États-Unis et en Israël, depuis sa première exposition personnelle en 1928 jusqu’à sa mort en 1968.
La rétrospective comporte vingt-et-une sculptures en bois, bronze, plâtre, ciment ou fonte, pour des prix allant de 20 000 à 200 000 euros. La plupart des œuvres datent de l’entre-deux-guerres, « simple choix esthétique », explique Félix Marcilhac Jr. « La sculpture est une de mes grandes passions. Cette exposition est un double hommage, à la fois à l’artiste, mais aussi à mon père qui a publié il y a vingt-cinq ans son catalogue raisonné (1991). L’idée remonte à deux ans. À l’époque, je n’avais aucune pièce. Il a fallu les acheter et les conserver pendant tout ce temps », commente le marchand.

Portraitiste
La présentation s’articule autour de trois thèmes : les portraits, le nu et les animaux. Dès 1919, Chana Orloff devient portraitiste des personnalités parisiennes. Le portrait est son mode d’expression favori. Elle en réalise plus de 300 au cours de sa carrière. Souvent pleine d’humour, à la limite de la caricature, elle suggère plus qu’elle ne représente le modèle, accentuant tel ou tel trait ou déformant tel ou tel volume. L’exposition en présente une dizaine dont celui d’Yvanna Le Maistre, peintre de tableaux religieux, intitulé Dame à l’éventail (1920), en bronze ; celui de l’éditeur Lucien Vogel (1921), en bois sculpté lissé, ou encore d’Ida Chagall (1923), en bronze. Se rattachent à ce corpus, Dame enceinte, 1916 (déjà vendue) et Athlète baigneur (1927).

Puis, c’est sur les nus que le regard se pose. Parmi les pièces phares, Grande baigneuse accroupie (1925) en bronze, et Baigneuse accroupie (1924) en ciment teinté couleur terre cuite. À cela s’ajoute Nu, 1933, en bois sculpté lissé et Torse, 1934 en bronze.

Enfin, l’exposition aborde un autre thème de prédilection de la sculptrice, le monde animalier avec sept sculptures en bronze, aux tracés linéaires simplifiés, dont une autruche, un basset, un dindon ou encore Oiseau 14-18 (1924). « Ici, l’artiste réussit à nous communiquer la peur de l’époque, le pouvoir germanique », commente Félix Marcilhac Jr.

Son œuvre est collectionnée par les Français, mais aussi par les étrangers, essentiellement d’Israël, de Russie et de New York. Le record de l’artiste en ventes publiques concerne un Torse, daté 1912, vendu chez Christie’s New York en 2012 pour 256 269 euros. « Mais les prix records se font surtout en galerie », confie le marchand.

Chana OrLoff

Jusqu’au 14 mai, Galerie Marcilhac, 8, rue Bonaparte, 75006Paris, www.marcilhacgalerie.com

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°456 du 29 avril 2016, avec le titre suivant : Toutes les formes de Chana Orloff

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