Art contemporain

Toujours plus haut

Par Éléonore Thery · Le Journal des Arts

Le 14 janvier 2015 - 816 mots

L’art contemporain poursuit son ascension fulgurante, et Christie’s se place largement en tête à Londres comme à New York. Seule Paris n’en profite pas.

L’art contemporain connaît un engouement sans précédent à l’échelle mondiale, enchaînant les records et les superlatifs année après année. 2014 ne fait pas exception à la règle. « Les grandes ventes sont pourtant relativement récentes, elles datent d’une quinzaine d’années », rappelle Edmond Francey, l’un des directeurs du département art contemporain chez Christie’s France. La suprématie de la maison de François Pinault, déjà manifeste, n’a fait que s’accentuer en 2014 et c’est un véritable marché à deux vitesses qui s’est dessiné. Les vacations phénoménales organisées à New York, symbole même de cet emballement et de cet écart grandissant, ont à nouveau attiré  tous les regards.
En mai, le total des ventes du soir de Sotheby’s et Christie’s, de 809 millions d’euros (1), a augmenté de 25 % par rapport à 2013. Christie’s a tenu la dragée haute à sa rivale, en doublant son montant total, pour le porter à 543 000 euros. L’expressionnisme abstrait a enregistré la meilleure enchère mondiale 2014 de la discipline grâce à Black Fire I, une toile de Barnett Newman emportée pour 61,1 millions d’euros. La progression cumulée des ventes du soir des deux sociétés est ainsi de 25 % par rapport au montant déjà considérable de 2013.

Les sixtie’s au sommet
En novembre, Christie’s s’est à nouveau distinguée et a fait exploser les compteurs : en totalisant 684,2 millions d’euros en une soirée, la maison a atteint le plus haut chiffre d’affaires jamais réalisé pour une vente. L’incontournable Andy Warhol a été couronné lors de cette session d’automne avec un Triple Elvis (1963), la main sur la gâchette, tableau adjugé 65,9 millions d’euros. « De façon générale, les artistes de la décennie 1960 obtiennent de très hauts prix », souligne Edmond Francey.
Après le beau succès obtenu par la collection Mellon en début de session, Sotheby’s n’a enregistré qu’un total de 276,8 millions d’euros, soit près de trois fois moins que sa rivale, accusant une baisse de 3 % par rapport à 2013. Le cumul des deux auctioneers augmente tout de même de 16 % par rapport à l’année précédente. Mais ces montants astronomiques new- yorkais se doublent de politiques commerciales agressives, reposant sur une surenchère de privilèges accordés aux vendeurs, entre frais à taux zéro et multiplication des garanties (pour plus de la moitié des œuvres chez les deux auctionneers pour cette session), réduisant les profits et augmentant le risque pour les sociétés.

Londres a également offert un terrain de jeu profitable à l’art contemporain, Christie’s caracolant toujours en tête. La session de mai, traditionnellement plus élevée, a fait un bond de 22 % par rapport à 2013 (s’agissant du cumul des ventes du soir des deux anglo-saxonnes), et établi un record à 258 millions d’euros pour la capitale britannique. C’est Francis Bacon qui a brillé lors de ces soirées avec Three Studies for a Portrait of John Edwards (1984), triptyque adjugé 58,7 millions d’euros par Christie’s.

Paris fait du surplace
Les ventes organisées en octobre en parallèle de la foire Frieze ont également fortement augmenté par rapport à l’année précédente ( 32 % pour les seules ventes du soir, et un total de 86,4 millions d’euros). Les vacations d’art italien montées en parallèle ont aussi enregistré d’excellents résultats, couronnant cette fois-ci Sotheby’s.

Comment expliquer un tel engouement sur le plan mondial ? La dimension spéculative croissante de ce segment, combinée à une augmentation des acheteurs provenant des pays émergents et à un marketing de plus en plus sophistiqué, joue à plein. « Les ventes sont également de plus en plus construites et calibrées, offrant une synthèse de l’histoire de l’art des années 1950 à 2000 », ajoute Edmond Francey.

La France, bien loin derrière New York, Londres ou Hongkong, ne profite pas de cette spectaculaire ascension. Sotheby’s parvient à maintenir son chiffre d’affaires pour le département sensiblement au même niveau qu’en 2013 (51,1 millions d’euros contre 52 millions). Mais Christie’s dévisse et cède ici sa première place : ses très mauvaises ventes de juin (– 104 % par rapport à 2013) plombent son chiffre d’affaires qui est réduit de près de 20 %, atteignant seulement 47,5 millions d’euros. « La vente de juin, trop franco-française n’a pas fonctionné », concède Edmond Francey. L’œuvre phare dans cette catégorie a été enregistrée chez Sotheby’s en juin : une composition de Nicolas de Staël de 1950 a été emportée pour 4,2 millions d’euros. « Les acheteurs internationaux aiment acheter à Paris, en raison de son offre culturelle et de son lien avec un certain nombre de mouvements, mais la situation économique reste difficile. Je considère que le marché reste stable et sérieux », conclut le spécialiste.

Note

(1) Tous les résultats sont indiqués frais compris (entre 12% et 25 %) tandis que les estimations sont indiquées hors frais acheteur.

Bilan - Les ventes publiques en 2014

  • Nouvelle poussée des ventes publiques ></a></li>
    <li>Une année de contrastes <a href=></a></li>
    <li>Un marché toujours solide <a href=></a></li>
    <li>Paris à la traîne en 2014 <a href=></a></li>
    <li>Bilan flatteur <a href=></a></li>
</ul>
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°427 du 16 janvier 2015, avec le titre suivant : Toujours plus haut

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