Art impressionniste et moderne

Toujours plus

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 30 juillet 2007 - 712 mots

Nouvelles escalades d’enchères à New York pour l’art moderne, mais les tableaux
surestimés continuent d’être sanctionnés par les acheteurs.

 NEW YORK - Les résultats des ventes d’art impressionniste et moderne se succèdent sans faiblir, de New York à Londres. L’ensemble de la session des 8 et 9 mai chez Sotheby’s à New York a totalisé en trois ventes 337,2 millions de dollars (249,4 millions d’euros), soit le deuxième plus haut total de l’histoire de Sotheby’s toutes spécialités confondues. 278,5 millions de dollars ont été récoltés lors de la seule vente du soir et ce, malgré l’absence de véritable blockbuster (superproduction), comme un tableau phare impressionniste. L’enchère la plus élevée a récompensé la plus importante aquarelle de Paul Cézanne encore en mains privées, provenant de la collection du marchand londonien Giuseppe Eskenazi : Nature morte au melon vert, de 1902-1906, s’est envolée à 25,5 millions de dollars (18,8 millions d’euros), soit plus de 10 millions de dollars de plus que son estimation basse qui était aussi – approximativement – son prix garanti. Il s’agit d’un record pour une œuvre sur papier de l’artiste, éclipsant de loin le précédent record atteint pour la même œuvre vendue 4,3 millions de dollars lors de la vente mémorable du fonds de pension British Rail Pension Fund chez Sotheby’s à Londres en 1989. La deuxième enchère (et deuxième record de la soirée) est revenue à Lionel Feininger pour Jesuits III, adjugé 23,2 millions de dollars (17 millions d’euros) contre une estimation de 7 à 9 millions de dollars (5 à 6 millions d’euros). « On ne s’attendait pas à de tels prix, souligne Andrew Strauss, directeur du département art impressionniste et moderne et vice-président de Sotheby’s France. Mais il existe une vraie demande d’œuvres exceptionnelles, exprimée par des enchères bien contrôlées et très solides. Ce n’est pas la folie totale comme dans les années 1980 où les gens payent n’importe quoi à n’importe quel prix. Le marché est sain et il est capable de sanctionner un tableau surestimé quand il le faut. »

Un marché solide qui fait le tri
Ainsi, aucun enchérisseur ne s’est manifesté pour les deux portraits d’Amedeo Modigliani proposés à 8 et 12 millions de dollars au bas mot. L’Étang de Saint-Cucufa, un tableau de Maurice de Vlaminck acquis par son propriétaire près de 800 000 euros à Paris le 21 juin 1999, pas très beau de facture et estimé trop cher (2 millions d’euros), est aussi resté sur le carreau. En revanche, les acheteurs se sont bagarré pour une ravissante gouache cubiste de 1916 par Pablo Picasso, estimée 2 millions de dollars et partie à 4,7 millions de dollars. Famille d’Arlequin, une autre gouache de l’artiste exécutée en 1905, estimée 6 millions de dollars, a été emportée à 9,8 millions de dollars. Les Usines, chef-d’œuvre de l’époque mécanique signé Fernand Léger et daté 1918, d’une provenance exceptionnelle, a atteint 14,3 millions de dollars contre une estimation de 5 à 7 millions de dollars. Des records ont été enregistrés pour Theo Van Doesburg avec Contra-Composition VII de 1924, adjugée près de 4,2 millions de dollars (deux fois l’estimation), et pour Marino Marini avec L’ideal del Cavaliere, une sculpture unique de 1956 cédée pour 7 millions de dollars. Un dessin de Pierre-Auguste Renoir ainsi qu’un autre de Giacomo Balla closent la liste des records. Finalement, les œuvres sur papier et les artistes rarement en haut de l’affiche, tel le Feininger de la couverture, ont fait la gloire de la vente.

Enchères records
Chez Christie’s, les deux jours de ventes, les 9 et 10 mai, ont rapporté 282,4 millions de dollars, dont 236,5 millions pour la vente du soir. Le Pot de géranium, toile cubiste très colorée, de 1915 par Juan Gris, est montée jusqu’au record de 18,5 millions de dollars (13,6 millions d’euros), à égalité avec L’Homme qui chavire, sculpture de 1950 par Alberto Giacometti (enchère record pour l’artiste), et avec Tête et main de femme, portrait d’Olga peint par Picasso en 1921. Notons également Arrière du Tub, 1888 de Paul Signac, acquis pour 11,6 millions de dollars, somme record pour l’artiste et deuxième meilleure enchère pour une œuvre pointilliste en vente publique. Enfin, Projet pour un monument, une sculpture de 1981 par Joan Miró, a été emportée par un marchand européen pour 9,89 millions de dollars, soit huit fois le précédent record pour une sculpture de l’artiste.

Sotheby’s, le 8 mai (vente du soir) - Expert : David Norman - Résultat : 278,5 millions de dollars - Nombre de lots vendus/invendus : 55/6 - Lots vendus : 90,2 %

Christie’s, le 9 mai - Expert : Guy Bennett - Résultat : 236,5 millions de dollars - Nombre de lots vendus/invendus : 68/10 - Lots vendus : 87 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°260 du 25 mai 2007, avec le titre suivant : Toujours plus

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