Sérénissime

Tête de gondole

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 17 novembre 2006 - 584 mots

La Cornice Art Fair s’arrime à la Biennale de Venise.

 VENISE - La présence des marchands et collectionneurs à la Biennale de Venise donne à cet événement un faux air de foire. Profitant de l’inauguration de la prochaine édition, le 6 juin 2007, un salon en bonne et due forme, « Cornice Art Fair », ouvrira du 7 au 10 juin dans la Sérénissime. Organisée par un spécialiste des transports en œuvres d’art, Maurizio Torcellan, et Augustus Rylands, fils du directeur de la Peggy Guggenheim Collection à Venise, cette foire compte rallier 70 à 100 exposants. « Jusqu’en 1968, la Biennale avait un bureau spécial pour gérer les ventes des œuvres présentées dans les pavillons, rappelle Augustus Rylands. Ils ont abandonné ce système, mais durant le vernissage, le commerce bat son plein dans les coulisses. Dans notre foire, les exposants pourront présenter des œuvres d’artistes visibles à la Biennale. Nous aimerions qu’il y ait des one-man shows et aussi des galeries asiatiques. » Les organisateurs, qui auraient déjà reçu 25 candidatures, annonceront leur sélection en février. « Je mesure bien que l’initiative n’est pas sans risque en termes de confusion d’image pour la Biennale, mais Davide Croff, président de la Biennale, semble favorable à ce projet », précise Jean-Jacques Aillagon, président du Palazzo Grassi et membre du comité de sélection de la foire.
Le salon devrait se dérouler dans le Tronchetto, non loin du parking des bus. Une localisation peu sexy, mais qui permet un acheminement terrestre des œuvres. « Nous serons près de l’endroit où la Fenice avait déménagé durant le temps de sa restauration, souligne Augustus Rylands. Le théâtre comptait plus de visiteurs là que dans Venise, car les gens de Mestre ou Vérone pouvaient venir sans être obligés de parquer leurs voitures et prendre un vaporetto. » Un système de navettes conduira les visiteurs des Giardini, où se trouvent les pavillons, jusqu’à l’emplacement de la foire. L’événement pâtit toutefois du morcellement croissant de la Biennale dans différents palais au sein de Venise. « Il peut y avoir une réaction de rejet face à cette foire, un côté vache à lait. Je serais surpris qu’en dehors de quelques stakhanovistes les collectionneurs y aillent », observe le galeriste parisien Emmanuel Perrotin. La pertinence de l’initiative reste d’autant plus à prouver qu’Art Basel se déroulera quelques jours plus tard, du 13 au 17 juin. « Si des transactions peuvent se nouer durant la Biennale, quelle est la nécessité d’une foire à côté ? », conclut Agnès Fierobe, directrice de la galerie Marian Goodman de Paris.

Shopping à Venise

Dès ses débuts, la Biennale de Venise a été un terrain de chasse pour les musées et les collectionneurs. Le musée vénitien Ca’ Pesaro a ainsi régulièrement acheté lors des premières éditions de la manifestation. « Les artistes produisent des œuvres nouvelles pour les pavillons. De fait, des pièces ambitieuses se trouvent soudain disponibles et la Biennale devient pour les marchands une opportunité de vente », indique le courtier Philippe Ségalot. Le collectionneur de Miami Martin Z. Margulies a ainsi emporté en 2001 une sculpture d’épices embaumant d’Ernesto Neto. La même année, François Pinault, mécène du pavillon français, a acquis les œuvres de Pierre Huyghe qui y étaient exposées. « Un certain nombre d’installations coûtent cher, les marchands approchent des collectionneurs pour les produire et ces derniers ont une priorité pour l’achat des œuvres », poursuit Philippe Ségalot. Toutefois, le groupe LVMH, qui a sponsorisé le pavillon d’Annette Messager en 2005, n’a pas encore tranché sur un achat…

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°247 du 17 novembre 2006, avec le titre suivant : Tête de gondole

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