Sur les pas de Duchamp

Un nouvel Armory Show pour New York

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 5 février 1999 - 574 mots

Le nouveau salon d’art contemporain new-yorkais, l’Armory Show, ouvrira le 18 février sur les lieux même où Marcel Duchamp avait fait scandale en 1913, en exposant un urinoir. Il est organisé par l’équipe qui a créé la Gramercy Park Hotel Art Fair, en 1994, et réunira 75 galeries.

NEW YORK (de notre correspondant) - L’Armory Show se déroulera du 18 au 22 février au 69e Regiment Armory, sur Lexington Avenue, où s’était tenu, en 1913, le premier Armory Show. Le public américain y avait notamment été choqué par le fameux urinoir de Marcel Duchamp, et cette première vision de l’avant-garde européenne avait changé de manière radicale l’orientation de l’art américain.

La nouvelle foire d’art contemporain rassemblera 75 exposants de réputation internationale, parmi lesquels Brooke Alexander, Barbara Gladstone et Matthew Marks (New York), Stephen Friedman et Lotta Hammer (Londres), Vera Munro, Frank Schulte, Johnen & Schottle (Allemagne), et les galeries françaises Chantal Crousel, Nathalie Obadia et Roger Pailhas. Elle est organisée par l’équipe qui a créé en mai 1994 la Gramercy Park Hotel Art Fair. Son atmosphère intime comme ses tendances avant-gardistes avaient fait sensation dès son ouverture et, dans son sillage, d’autres foires Gramercy avaient vu le jour en Floride, à l’Hôtel Raleigh de Miami, et en Californie, au Château Marmont de Los Angeles.

La Gramercy Fair de New York, prise d’assaut par le public, a été victime de son succès. “Les galeries avec lesquelles nous travaillons ont gagné en notoriété et ne veulent plus être entassées les unes sur les autres, explique l’un des organisateurs, le banquier Tom DeLann. Nous avons ressenti la nécessité d’une foire où les galeries pourraient disposer d’une plus grande liberté dans la gestion de leur espace et seraient libres d’aménager leur stand à leur goût”. Il estime que New York avait besoin d’une foire qui ne soit ni aussi chère ni aussi sélective que l’Art Dealer’s Association Fair (Adaf), organisée par l’Association des marchands et qui se tient au même moment dans Uptown Manhattan. Cette cohabitation n’empêchera pas une certaine rivalité. “Ils ne nous considèrent pas comme une menace pour l’instant, déclare DeLann, mais nous pourrions leur poser un problème plus tard”. Les stands sont loués par l’Adaf entre 14 000 et 20 000 dollars (environ 78 500 à 112 000 francs), alors qu’à l’Armory Show, les prix s’échelonnent de 4 000 à 15 000 dollars (22 500 à 84 700 francs). “Les artistes exposés lors de la première Gramercy Fair se vendaient entre 2 000 et 10 000 dollars. Maintenant, ces mêmes artistes – un Tony Oursler, par exemple – se vendent à plus de 15 000 dollars”.

Des Français à New York
Trois galeries françaises feront le voyage. Autour du thème “Here, there” (“Ici, là”), Chantal Crousel montrera des travaux de Moshe Ninio, Absalon, Thomas Hirschhorn, Gabriel Orozco et Sophie Calle. “Je souhaiterais profiter de cette foire pour enrichir et développer les contacts noués à l’occasion de l’exposition “Premises”, qui comprenait des œuvres de Sophie Calle et Thomas Hirschhorn”, indique Chantal Crousel. Le galeriste marseillais Roger Pailhas exposera Marilyn Antony, Rainer Ganahl, Daniel Buren et Bernar Venet. “Cette foire installée dans un lieu mythique où est né l’art moderne peut devenir un des plus grands salons au monde”, s’exclame-t-il. Son enthousiasme est partagé par Nathalie Obadia, qui souligne la qualité des exposants. Elle présentera à New York les Françaises Valérie Favre, Nathalie Elemento et Carole Benzaken, mais aussi des artistes étrangers comme Jeanne Silverthorne et Manuel Ocampo.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°76 du 5 février 1999, avec le titre suivant : Sur les pas de Duchamp

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