Dessins anciens

Sur les épaules de Michel-Ange

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 20 janvier 2006 - 736 mots

Mis à part un torse du maître de la Renaissance italienne, les grandes ventes de dessins à New York sont avares en chefs-d’œuvre ce mois de janvier.

 NEW YORK - L’un des plus importants rendez-vous annuels des amateurs de dessins anciens se tiendra les 24 et 25 janvier à New York respectivement chez Christie’s et Sotheby’s. L’unique pièce vedette de cette double vacation est une Étude de torse masculin à la craie noire de Michel-Ange proposée par Christie’s. Ce dessin issu de la collection Gathorne-Hardy réapparaît sur le marché trente ans après sa vente chez Sotheby’s à Londres, le 24 novembre 1976, pour 178 200 livres sterling (222 570 euros), à l’époque le record du monde pour un dessin ancien. Aujourd’hui, le record est détenu par La résurrection du Christ, toujours par Michel-Ange, adjugé 8,1 millions de livres (environ 12,9 millions d’euros) le 4 juillet 2000 chez Christie’s à Londres. Trois autres feuilles du maître de la Renaissance italienne apparues sur le marché au cours de ces douze dernières années se sont vendues aux enchères entre 6 et 8 millions d’euros. Le dessin présenté par Christie’s cette saison paraît moins beau quoique plus puissant que les autres. Il a tout de même été estimé 4 millions de dollars (3,3 millions d’euros), un prix peut-être excessif. Le catalogue de vente proposant avec la plus grande prudence une « estimation sur demande », sans aucune autre précision de chiffre, la maison de ventes se réserve sûrement le droit de revoir à la baisse ses prétentions si le marché ne réagit pas.
En dehors du Michel-Ange, pièce centrale sur laquelle repose toute la vente, Christie’s n’a rien de très excitant à proposer aux amateurs. Notons cependant une belle aquarelle de Géricault représentant un cheval de labour dans la boutique d’un maréchal-ferrant, estimée 125 000 euros ; un rare et beau dessin de Fra Bartolomeo (1472-1517) figurant une jeune femme de profil à genoux priant (seul un état de conservation moyen peut expliquer la modestie de l’estimation fixée à 60 000 euros) ; une Vue de Weinheim, aquarelle estimée 40 000 euros de Carl Philipp Fohr (1795-1818), un artiste natif de Heidelberg très talentueux, peu connu et mort à l’âge de 23 ans. Ou encore une nature morte aquarellée de Jan Van Huysum (1682-1749), estimée 16 000 euros, laquelle, au vu de sa qualité, pourrait bien doubler largement sa mise.

Qualité variable chez Sotheby’s
Si le catalogue de la vente Sotheby’s ne révèle aucun chef-d’œuvre, il présente en revanche beaucoup plus de variété dans la qualité des feuilles proposées. Nonobstant la laideur du modèle, les aficionados de Goya seront prêts à monter jusqu’à 200 000 voire 300 000 euros pour Le Portrait de Miguel de Muzquiz, conte de Gausa, estimé 100 000 euros. Oberon et Titiana sur un lys, une aquarelle à la sensibilité symboliste inspirée de l’œuvre de Shakespeare et réalisée par William Blake (1757-1827), artiste rare et très prisé, a été estimée 330 000 euros. Mais, selon le courtier spécialisé Nicolas Schwed (ex-directeur du département international des dessins anciens chez Christie’s), « ce dessin à la provenance béton (collection William Russel, 1857) peut faire n’importe quel prix. Et [il] ne serai[t] pas étonné s’il était vendu plus de 800 000 euros ». Les regards se porteront également sur Une tête de jeune homme par Tiepolo, estimée seulement 33 000 euros ; une suite de douze rares dessins de Willem Van De Velde le Vieux (1611-1693) illustrant des navires et batailles maritimes, estimés de 16 000 à 250 000 euros pièce, comme sur quelques feuilles (no 43, 45 et 47) signées Parmigianino et Véronèse. Bien que banales, ces dernières tireront leur avantage du prestige de leur auteur et de leur prix raisonnable. Il est étonnant que figurent au catalogue de Sotheby’s des dessins de qualité très moyenne (d’une valeur raisonnable autour de 1 000 à 2 000 euros) bénéficiant d’estimations très soutenues (3 000 à 7 000 euros). L’étude de l’intérieur de la chapelle de l’église Saint-Gervais à Paris attribuée à Gilles-Marie Oppenort (1672-1742) est ainsi estimée 5 000 euros au bas mot, alors que, selon l’avis d’amateurs éclairés, elle n’en vaudrait pas plus de 2 000 au maximum. Les enchères parleront.

DESSINS ANCIENS ET DU XIXe SIÈCLE, vente le 24 janvier à New York, Christie’s, tél. 01 40 76 85 85, www.christies.com ; DESSINS ANCIENS, vente le 25 janvier à New York, Sotheby’s, tél. 01 53 05 53 05 www.sothebys.com

CHRISTIE’S - Expert : Noël Annesley - Nombre de lots : 186 - Estimation totale : 4,8 millions d’euros (dont 3,3 millions d’euros pour le Michel-Ange) SOTHEBY’S - Expert : Gregory Rubinstein - Nombre de lots : 188 - Estimation totale : 2,6 millions d’euros

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°229 du 20 janvier 2006, avec le titre suivant : Sur les épaules de Michel-Ange

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