Strasbourg monte en charge

Fréquentation et ventes en hausse, mais la foire doit s’organiser

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 1 avril 1996 - 504 mots

Grand succès public, la deuxième foire d’art contemporain de Strasbourg a rassemblé 130 exposants, dont la moitié d’étrangers, au Parc des expositions du Wacken, du 1er au 4 mars. Les ventes annoncées sont également en hausse même si, malgré les bonnes volontés, l’organisation logistique de la foire a connu des faiblesses.

STRASBOURG - L’un des principaux succès de cette foire tient à une fréquentation exceptionnelle : plus de 28 000 visiteurs en quatre jours, près de 8 000 pour la seule soirée du vernissage. Cet engouement traduit la grande curiosité d’un public pas toujours initié, et la force d’attraction de quelques galeries étrangères. La galerie Guy Pieters, de Knokke-le-Zoute, a par exemple attiré de nombreux collectionneurs belges, alors que la galerie allemande Schloß Mochental n’hésitait pas à affréter un bus d’élus et de collectionneurs pour Strasbourg.

Malgré ce succès populaire, les ventes n’ont pas toujours été à la hauteur des espérances. Les marchands qui présentent des artistes figuratifs semblent, comme en 1995, avoir enregistré de meilleurs résultats que les galeries exposant un art réputé plus difficile. Dans ce contexte, même si elle est contestable sur le principe, l’aide apportée par la Direction régionale des Affaires culturelles d’Alsace à une demi-douzaine de galeries, principalement parisiennes et défendant de jeunes artistes, a eu un effet positif sur la qualité générale de la foire. Certains marchands ont cependant regretté le flou entourant les critères d’attribution de cette subvention, pourtant déterminante dans la décision finale des bénéficiaires : la galerie Gilles Peyroulet, par exemple, n’a confirmé sa présence que quelques jours seulement avant le début de la foire.

Affiner la sélection des galeries
Les organisateurs annoncent un résultat global de près de 9 millions de francs contre 6 millions l’année dernière. Les grosses pièces présentées en 1995, mal adaptées au contexte de la foire, ont laissé la place à des œuvres plus abordables, comme le souhaitait son directeur artistique, Alain Lamaignère. 7 000 francs étaient par exemple demandés pour des œuvres de Joachim Mogarra à la galerie Georges-Philippe Vallois, 8 000 francs pour des photographies de Jean-Louis Garnell à la galerie Gilles Peyroulet, tandis que la galerie Springer, de Berlin, proposait des petites peintures exécutées par Polke en 1975 à 30 000 deutschemarks (environ 100 000 francs) et que la galerie Durand-Dessert présentait un Penone à 280 000 francs. Certaines galeries affirment avoir établi de bons contacts avec des collectionneurs alsaciens, réputés soucieux de leur discrétion et réfléchissant mûrement chacune de leur acquisition. Cependant, peu de directeurs de musées étrangers semblent avoir fait le déplacement jusqu’à Strasbourg.

Il reste encore à affiner la sélection des galeries participant à la foire, même si la qualité a progressé, et à lui trouver une spécificité, esquissée cette année par la présence du verre contemporain. Mais surtout, face aux problèmes logistiques rencontrés – notamment le jour du vernissage, où de nombreux stands n’étaient pas montés à temps ou présentaient des problèmes d’éclairage –, il faudra que son organisation soit plus professionnelle. La crédibilité nationale et internationale de la manifestation de Strasbourg en dépend.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°24 du 1 avril 1996, avec le titre suivant : Strasbourg monte en charge

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