Londres

Soutine au sommet

Le Journal des Arts

Le 4 mars 2005 - 636 mots

Lors des ventes londoniennes d’art impressionniste et moderne, les tableaux impressionnistes ont provoqué des déceptions. En revanche, le XXe siècle a le vent en poupe.

 LONDRES - En déplaçant, voici quatre ans, de novembre à février leurs grandes ventes londoniennes de tableaux impressionnistes et d’art moderne, Sotheby’s et Christie’s se sont rendu un service de premier ordre. Les dernières soirées de vente ont toutes les deux reproduit le même schéma : salles bondées, belles enchères de particuliers, principalement européens, et résultats à peu près identiques et proches des attentes les plus optimistes des maisons de ventes. Le marché reste vigoureux, particulièrement pour l’art du début du XXe siècle, et atteste que Londres continue de rivaliser d’importance avec New York.

Christie’s
La salle de Christie’s King Street était pleine à craquer, le 7 février au soir, où plus de 700 spectateurs étaient venus assister à la dispersion de 56 tableaux impressionnistes et modernes (mais surtout du XXe siècle), suivie par la vente annuelle de surréalisme, forte de 41 lots. La première vacation a rapporté 30,84 millions de livres sterling (44,78 millions d’euros), avec des ratios de vente de 82 % en nombre de lots et de 79 % en valeur. La vente surréaliste a engrangé 10,17 millions supplémentaires (14,77 millions euros, 71 % en nombre de lots, 85 % en valeur). Le résultat final a été proche des estimations hautes de Christie’s. La vacation a été caractérisée par la domination des acheteurs privés européens, qui ont raflé tous les lots de première importance, devant des marchands largement dépassés. 88 % des lots de la vacation principale sont revenus à des Européens, confirmant l’existence d’un fort intérêt du continent pour les ventes londoniennes, mais aussi les effets négatifs de la faiblesse du dollar auprès de la clientèle américaine. L’intérêt pour les surréalistes croît outre-Atlantique, où sont partis presque 25 % des lots. Les toiles de première qualité de Soutine et de Tanguy, qui ont illuminé la vente, se sont bien vendues et Christie’s a été récompensée par le succès des lots auxquels elle avait accordé des garanties. Jussi Pylkkanen, qui tenait le marteau, a confirmé que la vente avait été très profitable. Les Picasso tardifs ont continué de susciter des demandes, six des huit proposés étant vendus, dont L’Homme à l’épée (1969) emporté pour 2,96 millions de livres (4,3 millions d’euros) par un enchérisseur européen. Les six tableaux venant de la collection d’impressionnistes rassemblée par l’amateur parisien Adolphe Friedmann au début du XXe siècle se sont tous vendus, pour un total de 2 millions de livres (2,9 millions d’euros). Des œuvres sur papier ont également enregistré des enchères record, comme Spaziergang im Park d’August Macke avec 512 000 livres (743 538 euros) et Pferde am See d’Heinrich Campendonk avec 366 400 livres (532 094 euros).

Sotheby’s
La vente Sotheby’s du 8 février au soir était l’exact reflet de la vente Christie’s de la veille. La vacation unique de 88 lots, avec des ensembles de peintures allemandes, autrichiennes et des œuvres surréalistes, a rapporté 37,5 millions de livres (54,46 millions d’euros), contre 21,3 en 2004, avec des ratios de vente de 80,5 % en nombre de lots et de 79,3 % en valeur. Les dix lots les plus importants sont revenus soit à des acquéreurs privés soit à des marchands enchérissant pour des clients, attestant là encore qu’aux plus hauts niveaux de ce marché les marchands ne peuvent rivaliser avec les collectionneurs privés. Les impressionnistes ont provoqué des déceptions, d’importantes toiles de Bonnard et de Renoir ne trouvant pas preneur, bien que le Pissarro se soit exceptionnellement bien vendu. L’art du XXe siècle, tout comme les œuvres sur papier, ont été vivement demandés. La plus haute enchère, 2,92 millions de livres (4,24 millions d’euros), est allée à la Nature morte à la lampe de Léger, très importante toile cubiste de 1914.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°210 du 4 mars 2005, avec le titre suivant : Soutine au sommet

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