Archéologie

Sous le signe de Vénus

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 6 janvier 2009 - 707 mots

L’Aphrodite romaine est à l’honneur d’une vente d’archéologie portée à Drouot par la maison Pierre Bergé & associés.

PARIS - Particulièrement fournie (près de cinq cents lots), la vacation d’archéologie du 17 janvier à Drouot chez Pierre Bergé et associés (PBA) s’annonce sous de bons augures. Les collectionneurs ont été particulièrement rassurés par les très bons résultats des grandes ventes new-yorkaises les 9 et 10 décembre chez Christie’s et Sotheby’s. Plus de 14 millions de dollars (10 millions d’euros) d’objets de fouille ont changé de mains, laissant la part belle aux importantes pièces égyptiennes et gréco-romaines. Plusieurs objets de cette origine, et non des moindres, couronnent la vente de PBA. Estimée 250 000 à 350 000 euros, une exceptionnelle Vénus Génitrix romaine du Ier siècle, en marbre de Paros, en est le joyau. « Elle est une réplique fidèle de l’Aphrodite Génitrix, due au ciseau du maître athénien Callimaque, vers 400 av. J.-C. Le dénuement du sein gauche et la nudité sous-jacente sous le drapé mouillé sont dans l’art grec un premier pas vers le dévoilement de la femme que les artistes n’oseront vraiment qu’au siècle suivant avec Praxitèle, précise l’expert Christophe Kunicki. La statue de bronze était tellement admirée, qu’en 48 avant J.-C., Jules César, avant la bataille de Pharsale contre Pompée, fera le vœu d’élever un temple avec une réplique de l’œuvre à Vénus Génitrix dont il prétendait descendre par l’intermédiaire d’Énée, fils de la déesse. »

Provenance de prestige
Parmi les copies conservées témoignant de la grande renommée du chef-d’œuvre de Callimaque, celle du Musée du Louvre, fleuron de la collection d’antiques de Louis XIV, est la plus célèbre. Haute de 69 cm, celle présentée dans la vente possède la stature d’un modèle idéal de salon. En plus d’avoir conservé sa tête (ce qui est rare), elle est auréolée d’une provenance prestigieuse, soit l’ancienne collection Wladimir de Grüneisen, représentant à Rome de l’Institut archéologique impérial de Nicolas II en 1925. Sa grande sœur en marbre blanc du IIe siècle, acéphale mais sculptée grandeur nature, est proposée à 220 000-300 000 euros. Côté pedigree, elle faisait partie de la collection Édouard Larcade (1871-1945) avant sa vente aux enchères à Paris à la galerie Charpentier en 1956. Du Ier siècle, une spectaculaire tête monumentale d’Aphrodite à la coiffure très élaborée, finement sculptée, estimée 100 000 à 150 000 euros, et une charmante statuette de Vénus d’Arles, d’après un original exécuté au IVe siècle avant J.-C. par Praxitèle, estimée 25 000 euros, complètent cette sensuelle galerie de marbres romains. Notons encore un important buste du IIIe siècle, représentant un jeune praticien, estimé 60 000 euros, ainsi qu’une amphore grecque à figures noires attribuée au Peintre de la Balançoire, vers 540-530 avant J.-C. Estimée 30 000 euros, elle est décorée sur une face d’une scène des travaux d’Hercule et, sur l’autre, d’un aurige sur son char tiré par un quadrige.

Un scarabée de la chasse aux lions
L’art égyptien, généralement plus coté que la statuaire gréco-romaine, fait également une apparition très remarquée, avec un buste inédit de 47 cm en diorite noire, d’époque ptolémaïque (Ier siècle avant J.-C.), présenté conjointement avec la SVV Piasa et figurant une déesse ou reine idéalisée, d’autant moins identifiable en l’absence d’inscription. Estimée 300 000 euros, cette pièce provient de l’ex-collection Dumitru Burileanu (1878-1954), gouverneur de la Banque nationale de Roumanie et beau-père d’Eugène Ionesco. De la même époque, et dans un style plus influencé par l’art grec, un buste en stéatite de 22,5 cm, d’Isis ou d’une reine portant le nœud isiaque, est à acquérir pour 30 000 euros. Vestige du Nouvel Empire, vers 1375 avant J.-C., un rare scarabée en stéatite portant des traces de glaçure verte, en très bon état de conservation, en impose par son aspect tant historique que décoratif. Estimé 28 000 euros et commémorant le nom d’Aménophis III, il est finement gravé sur son plat de huit lignes hiéroglyphes relatant les chasses aux lions du pharaon. Estimé 15 000 euros, un petit groupe sculpté en diorite noire, datant du Moyen Empire et représentant un couple de dignitaires, affiche les mêmes qualités esthétiques, d’ancienneté et de provenance irréprochable.

SVV Pierre Bergé & Associés

Expert : Christophe Kunicki
Estimation : 2 à 3 millions d’euros
Nombre de lots : 482

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°294 du 9 janvier 2009, avec le titre suivant : Sous le signe de Vénus

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