Galeries

Sensations

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 27 juillet 2007 - 404 mots

 PARIS - Bien rares sont les expériences qui tentent de défier le temps et le format de l’exposition, particulièrement dans des galeries où l’exigence commerciale et les contraintes spatiales dictent un calendrier et, souvent, un mode d’accrochage plus ou moins convenu. L’initiative de la galerie Maisonneuve, en invitant Mathieu Briand dans son nouvel espace, est exemplaire en ce qu’elle affirme une véritable volonté d’interroger la qualité même et les contours de l’exposition. L’artiste initie une série d’une dizaine de manifestations qui, sous le titre UBÏQ : a Mental Odyssey, occupera l’intégralité du programme 2007 de la galerie. En prélude logique à un déroulé progressif, le Prologue donne à voir la reconstitution fidèle et minutieuse de son atelier. Murs et tables sont recouverts de maquettes, documents, tableautins et autres essais picturaux qui font littéralement plonger le spectateur dans l’imagination prolixe et les sources d’influence – en particulier Stanley Kubrick, Philip K. Dick et Jorge Luis Borges – d’un artiste qui ne se pose plus la question du réel et de la fiction. Mais il a intégré le fait que ce que nous croyons être le premier n’existe que par son intime imbrication avec le second. Les développements futurs seront à suivre (nouvel épisode le 3 février).
De son côté, la galerie Nelson fête ses 25 ans d’activités avec un accrochage d’œuvres anciennes pour la plupart. Parmi les vingt-trois artistes de la partie, une belle vidéo de Marie José Burki (De nos jours (Simply), 2003) et une grande photo de Ken Lum (Oui je comprends, 1995) sont remarquables, de même qu’un ensemble de petites peintures de Helmut Dorner (Klack, 1994) (jusqu’au 23 février).
Rebecca Bournigault revient chez Frédéric Giroux avec des aquarelles où affleure la violente passion. Sa vidéo Lake (2006), longue promenade où deux personnages se suivent sans jamais se rencontrer, défie la logique des relations humaines (jusqu’au 24 février).

Paillettes
Une peinture fraîche et sensible est à voir chez Baumet Sultana. Le jeune Américain de Miami Jacin Giordano, souvent très coloriste, y a réussi un accrochage solide et cohérent basé sur une idée de la fin de la couleur. Ses tableaux dialoguent en déclinant leurs oppositions de coloris « neutres » (blanc, noir, gris), de matières (acrylique, laine, paillettes), de rendu (mat et brillant). Un travail subtil et intelligent, où la recherche des textures et des harmonies va très au-delà de bien des propositions clinquantes mais paresseuses qui font florès aujourd’hui (jusqu’au 24 février).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°252 du 2 février 2007, avec le titre suivant : Sensations

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