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Semaine en noir et blanc

Christie’s et Man Ray ont réconforté une semaine tourmentée

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 27 novembre 2012 - 773 mots

PARIS - Semaine chaotique pour les ventes parisiennes de photographies durant le salon Paris Photo.

Elle a démarré sous le marteau de Yann Le Mouël, assisté de l’expert Viviane Esders, le 9 novembre à Drouot où Léda (1921), photo d’atelier de Constantin Brancusi présentant une vue isolée de son marbre, et Chef sommelier (Larue), Paris (1950) d’Irving Penn sont partis à 27 300 euros. Mais c’était surtout la vacation du 19 novembre « Eye on the world » des 2 500 clichés issus des archives du International Herald Tribune (IHT) qui était attendue, toujours à Drouot sous la houlette du duo Esders/Le Mouël : soit 300 lots de photos de presse retraçant l’histoire politique et culturelle du XXe siècle, estimés au bas mot 300 000 euros. Or suite à une demande de retrait sous astreinte d’une trentaine de lots par les agences Camera Press (propriétaire de Keystone), Gamma-Rapho, Sipa Press, lancée le 16 novembre par une procédure en référé, le IHT « a reporté la vente à une date ultérieure ». « Les agences de presse ont été contactées en juillet par l’International Herald Tribune pour obtenir leur accord sur une exposition suivie d’une vente. Mais lorsqu’elles ont demandé les scans des photos concernées, elles n’ont pas eu de retour », explique l’avocat des agences Me Jean-Louis Lagarde qui a procédé à plusieurs relances infructueuses jusqu’au 15 novembre au soir. Les parties étaient convoquées au tribunal de grande instance le 19 novembre au matin. Mais en raison du report de la vente, le tribunal a repoussé le jugement au 13 décembre.

Semaine de malchance
L’annulation de la vente du IHT n’est pas le premier incident de la semaine. Le 13 novembre à Drouot, la SVV Millon a vu sa vacation décapitée de quelque 300 tirages de Gisèle Freund « proposés à la vente à la demande de l’Administration française du Domaine » et regroupés en 70 lots mis sous séquestre quelques heures avant le début des enchères. Une procédure engagée par des cousins éloignés de la photographe décédée en 2000 sans descendance, réclamant la propriété des tirages, en est la cause. Les photos étaient détenues depuis plusieurs années par l’Administration française sans qu’aucune revendication familiale ne soit alors intervenue. L’ensemble avait été très modestement estimé 30 000 euros, car tout était à vendre. Mais la dispersion de clichés de cette artiste cotée promettait de très beaux résultats. « Tous les lots étaient couverts par des ordres d’achat ou des demandes d’enchères téléphoniques », regrette l’expert Christophe Gœury. Les enchères ont couronné une épreuve d’époque de Mardi gras avec Bouboutte, Louis, Robert et Zissou, Paris (1903) signée Jacques-Henri Lartigue, adjugée 37 800 euros, ainsi qu’une intéressante photographie scientifique de 1903-1904 d’Henri Becquerel illustrant une Expérience sur la radioactivité : déviabilité des rayons secondaires produits par le rayonnement bêta, partie à 25 200 euros.

Le 16 novembre, Sotheby’s réalisait une prestation moyenne avec 57,5 % de lots vendus. La vente a été auréolée d’un record mondial pour Leni Riefenstahl avec un portofolio Nuba de trente tirages sur ce peuple du Soudan envolé à 234 750 euros, près de trois fois son estimation haute. La deuxième meilleure enchère est revenue à un grand tirage des années 1920 d’André Kertész montrant une vue très graphique de travaux de câblage à Paris, adjugé 90 750 euros.
 
La vente de Christie’s qui se déroulait les 16 et 17 novembre, a redonné des couleurs au marché, avec 3 millions de produit de vente et 78 % de lots vendus. Man Ray y était en vedette avec Le primat de la matière sur la pensée (1929). Ce portrait solarisé représentant Meret Oppenheim, provenant d’une collection japonaise et ayant appartenu au célèbre marchand et collectionneur Julien Lévy, est parti au prix record de 661 000 euros contre une estimation haute de 220 000 euros . Issu de la même collection, Pelikan Tinte, photomontage réalisé par El Lissitzky en 1924, s’est vendu 265 000 euros, un record pour le photographe.

PHOTOGRAPHIES SVV LE MOUEL, LE 9 NOVEMBRE
Estimation : 480 000 à 640 000 €
Résultats : 404 000 €
Nombre de lots vendus/invendus : 136/127 (52 %)

PHOTOGRAPHIES «COLLECTIONS ET PROPOSITIONS» SVV MILLON, LE 13 NOVEMBRE
Estimation : 300 000 €
Résultats : 265 000 €
Nombre de lots vendus/invendus : 101/140
Nombre de lots retirés : 70 (42 %)

PHOTOGRAPHIES SOTHEBY’S, LE 16 NOVEMBRE
Estimation : 1,3 à 2 millions d’€
Résultats : 1,5 million d’€
Nombre de lots vendus/invendus : 65/48 (57 %)

PHOTOGRAPHIES CHRISTIE’S, LES 16 ET 17 NOVEMBRE
Estimation : 2 à 3 millions d’€
Résultats : 3 millions d’€
Nombre de lots vendus/invendus : 150/43 (78 %)

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°380 du 30 novembre 2012, avec le titre suivant : Semaine en noir et blanc

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