Sélection des ventes de la quinzaine (18.03-31.03.2011)

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 15 mars 2011 - 900 mots

Photographie - Agnès de Gouvion Saint-Cyr est l’expert d’une vente de photographies russes chez Piasa. Art moderne - Tajan offre une nouvelle édition de ses ventes « Paris-Europe centrale-Paris », avec Gontcharova

COLLECTION H. LAW, VENTE DU 21 MARS À DROUOT, PARIS - SVV BINOCHE & GIQUELLO
Estimée 2 à 3 millions d’euros, une grande divinité assise maya haute de 156,5 cm, en stuc polychrome, devrait intéresser un musée ou une fondation. Mais pour l’essentiel, les sculptures en pierre provenant de l’État mexicain du Guerrero constituent l’âme de cette importante collection d’art précolombien. Évocatrices de l’art mystérieux des Cyclades, les non moins énigmatiques figures de pierre Mezcala se distinguent par leur style, leurs matériaux (de préférence en serpentine ou diorite) et leurs dimensions (la plupart ne dépassent pas 25 cm). La collection H. Law en recense de beaux exemplaires collectés avec passion depuis vingt-cinq ans. Selon le classement des styles établis par le spécialiste Carlo Gay, le type « M10 » est le plus épuré et le plus prisé de tous. Il se retrouve dans plusieurs lots, tel le no 57 en diorite grise de 28 cm, avec son visage formé de deux pans coupés faisant apparaître une arête du nez surmontée d’une arcade sourcilière en fort relief , estimé 12 000 euros. Le type M18 correspond à un autre style abstrait recherché, marqué par des incisions sur le visage pour les yeux, la bouche et les joues. Signalons aussi une figure de 25 cm de haut en serpentine vert foncé moucheté noir, rarissime représentation féminine Mezcala, estimée 60 000 euros. Elle est l’un des joyaux de l’ensemble avec une grande et exceptionnelle figure de 43 cm de culture Chontal, en serpentine vert clair veiné vert foncé. Caractérisé par une plastique plus réaliste que l’art Mezcala de la même époque (300 à 100 av. J.-C.), ce chef-d’œuvre de l’art Chontal dégage une grande intériorité. Ayant, en outre, appartenu à Tristan Tzara, il est estimé 150 000 euros à 200 000 euros.

Expert :
Jaques Blazy
Estimation : 4 à 6 millions d’euros
Nombre de lots : 215

PHOTOGRAPHIES RUSSES ET SOVIÉTIQUES DE 1900 À NOS JOURS, VENTE DU 28 MARS À DROUOT, PARIS - SVV PIASA
« La Russie est considérée, à juste titre, comme l’une des nations les plus riches en matière de photographie, qu’il s’agisse d’images documentaires ou d’œuvres plasticiennes. Longtemps tenue à l’écart des grandes manifestations internationales, la photographie russe et soviétique a fait un retour en force dans le champ de l’art ces dernières années et la vente tente de rendre compte de cette nouvelle situation », annonce l’expert Agnès de Gouvion Saint-Cyr dans la préface de son catalogue de vente. Estimées entre 200 et 4 000 euros pièce, les œuvres d’une trentaine de photographes sont à découvrir, du pictorialisme du début du XXe siècle aux représentants de la nouvelle génération, à l’instar d’Irina Polin avec Tulips of the Lake (2009), tirage à 5 exemplaires de la série « Flowers » estimé 3 000 euros.

Relevons le travail du Lituanien Alexandras Macijauskas, qui s’est intéressé à la vie quotidienne de la société rurale, et celui de Romualdas Pozerskis, autre photographe de la société lituanienne qui a notamment été consacré aux Rencontres internationales de la photographie d’Arles en 1977, tandis que Lialia Kouznetsova a construit durant plus de quinze ans une vision poétique et documentaire des populations tsiganes de la république tatare. Citons encore l’Ukrainien Boris Mikhailov ; le Moscovite Igor Moukhin, connu pour ses portraits iconiques de jeunes luttant pour la liberté d’expression à l’époque de la pérestroïka, ainsi que les témoignages visuels sur Tchernobyl par Sergey Shestakov.

Expert :
Agnès de Gouvion Saint-Cyr
Estimation : 250 000 euros
Nombre de lots : 188

ART MODERNE PARIS-EUROPE CENTRALE-PARIS, VENTE DU 31 MARS À L’ESPACE TAJAN, PARIS - SVV TAJAN
Estimé 30 000 euros, un rare vase en bronze de 56 cm de haut, réalisé en deux exemplaires par Pablo Picasso d’après l’un de ses modèles en céramique, promet une surprise dans cette vente. « La céramique ainsi que les deux épreuves en bronze existantes, à peine créées, ont été directement expédiées sur la demande de Picasso dans sa fameuse propriété nommée le « mas Notre-Dame-de-Vie » à Mougins. Ce qui fait de notre exemplaire un objet particulièrement rare puisqu’il n’était destiné qu’au plaisir de Picasso, qui n’en fit pas réaliser d’autres exemplaires », rapporte la maison de ventes Tajan.

Un autre temps fort de la vacation est la section dédiée aux artistes originaires d’Europe centrale. Elle comprend un tableau de Natalia Gontcharova, La Trottinette (vers 1913-1914), symbolisant la modernité de l’époque. Estimée 800 000 euros à 1,2 million d’euros, cette huile sur toile cubo-futuriste trouve son pendant au Musée russe de Saint-Pétersbourg dans le tableau La Bicyclette (1912), où l’on retrouve l’utilisation des chiffres, du téléphone et du lettrage industriel au second plan. Provenant de la collection Herman Berninger, deux œuvres de Jean Pougny sont aussi très attendues : Whist (vers 1915-1916), tableau sur le thème des joueurs de cartes estimé 350 000 euros, et surtout un Autoportrait devant le miroir (1921), estimé 500 000 euros. Notons encore Les Yeux de l’idole (vers 1960), huile sur carton signée Ion Tuculescu, artiste considéré en Roumanie à l’égal de Victor Brauner (est. 20 000 euros), ainsi qu’une petite Nature morte en gris-ocre (1927) signée Serge Charchoune (est. 12 000 euros).

Expert :
Anne Perret
Estimation : 3 à 5 millions d’euros
Nombre de lots : 81

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°343 du 18 mars 2011, avec le titre suivant : Sélection des ventes de la quinzaine (18.03-31.03.2011)

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque