Sélection des ventes de la quinzaine

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 22 juin 2010 - 851 mots

Photographies de Jeanloup Sieff, Collection Gert Elfering - Vente du 30 juin, Paris Christie’s.
Pour la première fois, une vente aux enchères est entièrement consacrée au travail du photographe Jeanloup Sieff (1933-2000).

Soit une soixantaine de tirages issus de la collection Gert Elfering, important collectionneur de photographies du XXe siècle surtout liées à la féminité, au glamour et à la mode. Cette collection a déjà donné lieu à trois ventes depuis 2005. Parmi les pièces phares figurent des photos de mode datant des années 1960, tirages en noir & blanc réalisés pour Harper’s Bazaar et Vogue, ou en couleur pour Nova (est. 2 000 à 15 000 euros). Estimé 10 000 euros, un nu d’Yves Saint Laurent, Paris (1971) retiendra l’attention. « Une image qui fit scandale. «Il voulait choquer», se rappelle Jeanloup Sieff, auteur de ce nu d’Yves Saint Laurent », écrit Ursula Harbrecht dans son livre Yves Saint Laurent et la photographie de mode (éd. Albin Michel, 1988). « Le créateur, connu jusque-là comme quelqu’un de timide et de sauvage, fit tomber les masques et posa avec le sérieux d’un apôtre pour son nouveau parfum masculin. Cette photo fit beaucoup de bruit et marqua l’histoire de la publicité. C’était la première fois qu’un créateur de mode faisait lui-même la promotion d’un parfum. » Une galerie de portraits a immortalisé Yves Montand, Françoise Sagan, François Truffaut, Jane Birkin, Louis Armstrong, Jacques-Henri Lartigue (est. 3 000 à 5 000 euros) ou encore Sieff, qui apparaît dans un Autoportrait (1978) réalisé avec humour : il a photographié sa propre image placée sous l’essuie-glace d’une voiture (est. 8 000 euros).

Expert : Philippe Garner
Estimation : 400 000 euros
Nombre de lots : 67

Trésors du coffre Vollard - Vente du 29 juin, Paris Sotheby's 
Un trésor de 140 lots de tableaux, gravures, livres, manuscrits, dessins et photographies d’artistes de l’avant-garde de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, dormant dans un coffre de banque depuis des décennies et appartenant au célèbre marchand parisien Ambroise Vollard, est l’événement de cette fin de semestre à Paris. « Cette vente, qui est une synthèse des préoccupations artistiques de Vollard à l’époque, rassemble des œuvres intimes de tous les artistes qui l’ont touché », résume Samuel Valette, le spécialiste en charge de la vente. Estimé 500 000 euros, Portrait d’Émile Zola (1862-1864) par Paul Cézanne, rarissime témoignage de l’amitié légendaire qui unissait les deux artistes, est l’un des bijoux de cette vacation, avec un « dessin-empreinte » de Paul Gauguin, Trois têtes tahitiennes (est. 100 000 euros) et deux monotypes d’Edgar Degas, Chanteuse de café-concert de profil (est. 30 000 euros) et La Fête de la patronne (est. 200 000 euros). La vente comprend aussi un très bel ensemble d’œuvres gravées de Pablo Picasso, notamment de rares planches de la « Suite des saltimbanques » dont Le Repas frugal (est. 180 000 euros) et une attendrissante suite de gravures à la pointe sèche de Mary Cassatt (est. 4 000 à 20 000 euros). Les lots dont l’estimation reste inférieure à 60 000 euros, soit la plupart des œuvres, sont offerts sans prix de réserve.

Expert : Samuel Valette
Estimation : 2 à 3 millions d’euros
Nombre de lots : 139

Art d’après-guerre et contemporain - Ventes des 28 et 29 juin, LONDRES Sotheby’s/Christie’s 
Chez Sotheby’s, RE 49 (1961), un rare et grand Relief-éponge bleu de 122,5 x 98 cm d’Yves Klein, provenant de la collection HypoVereinsbank (Munich), estimé 4,5 millions de livres sterling (5,4 millions d’euros), est l’une des œuvres phares de la vente du soir. Citons également Niger (Nuba) (1964), photo-peinture de grand format horizontal (145 x 200 cm) de Gerhard Richter (en couverture du catalogue), illustrant une tribu du Soudan, estimée 3,5 millions de livres, et un tableau à fond vert de la série Concetto spaziale. La Fine di Dio (1963) signé Lucio Fontana et estimé 4,5 millions de livres, soit dix fois son prix d’adjudication à Londres chez Christie’s en 2001. Un paysage londonien de Frank Auerbach, Mornington Crescent, Summer Morning (1991) (est. 1,5 million de livres), domine une belle section dédiée aux artistes britanniques. Chez Christie’s, l’œuvre vedette est une Liz argentée (1963) d’Andy Warhol (ill. ci-contre), illustrant la couverture du catalogue.
Estimé 6 millions de livres (7 millions d’euros), ce tableau n’a pas été montré depuis vingt ans. C’est l’une des deux versions qui représente la star hollywoodienne aux yeux violets, peinte l’année où elle est devenue la première actrice à toucher 1 million de dollars de cachet pour un film. Un groupe d’œuvres des Young British Artists est aussi à l’honneur. Notons la gigantesque toile de 274 x 183 cm, Dalí-Christ (1992), exécutée par Glenn Brown en hommage à Dalí (est. 700 000 livres), et la sculpture Übermensch (1995) des frères Chapman, représentant le scientifique Stephen Hawking (est. 250 000 livres). Ces deux œuvres avaient fait partie de l’exposition « Sensation » organisée par le collectionneur Charles Saatchi à la Royal Academy de Londres en 1997.

Experts : Oliver Barker/Francis Outred
Estimation : 38 à 52 / 40 à 58 millions de livres sterling (45 à 62 / 48 à 70 millions d’euros)
Nombre de lots : 53/61

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°328 du 25 juin 2010, avec le titre suivant : Sélection des ventes de la quinzaine

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