Rutilance orientale

Des toiles inédites de Krémègne à la galerie Aittouarès.

Le Journal des Arts

Le 9 mai 1998 - 411 mots

Tout au long de sa carrière, Pinchus Krémègne (1890-1981) a cultivé son style propre, volontiers expressionniste, proche de celui de son ami Soutine. L’exposition que lui consacre la galerie Aittouarès présente 50 œuvres de ce peintre intimiste, à l’écart des mouvements picturaux de son siècle.

PARIS - Jean-François Ait­toua­rès a réuni, dans sa galerie de la rue des Beaux-Arts, 50 toiles et aquarelles de Pinchus Krémègne, présentées pour la première fois. Venues pour la plupart d’une même collection, elles sont proposées à la vente entre 20 000 et 120 000 francs, pour les pièces exceptionnelles comme les grands Nus des premières années. Brossés avec brutalité, dans des tons francs de rouge, rose et orangé, ces nus ont la couleur de la chair écorchée. Si le Nu rouge au sofa évoque Matisse, on est loin de la mesure et de l’équilibre du peintre français.

Né en Lituanie, Pinchus Kré­mègne étudie d’abord la sculpture à Vilnius, où il fait la connaissance de Chaïm Soutine. Arrivé à Paris en 1912, il s’installe à La Ruche, dans le quartier de Mont­parnasse, et incite son ancien camarade à venir le rejoindre. Si Krémègne est resté à l’écart des écoles, cultivant son jardin en quelque sorte, son art présente de sérieuses affinités avec celui de Soutine, dont le portrait est exposé ici. Touche libre, peinture grasse, couleurs violentes, Kré­mègne cultive la même outrance, offrant à l’École de Paris “la rutilance des trésors orien­taux”, selon l’expression de Jean-François Aittouarès dans la préface du catalogue. Les sujets, en revanche, sont plutôt traditionnels ; ils “n’ont jamais été son souci, note le galeriste, ce sont des prétextes”.

Un peintre intimiste
Nus, natures mortes, paysages et quelques portraits constituent l’horizon de sa peinture. Le peintre en famille le montre isolé de sa femme et de son fils par son chevalet, et participe de l’image d’un artiste solitaire, âpre au travail. L’un de ses motifs de prédilection a été la région de Céret, découverte dès 1918 et où il devait acquérir une maison en 1960. L’œuvre la plus tardive de l’exposition, datée de 1955, est une vue de ce village où il a passé une grande partie de ses dernières années, ne cessant jamais de peindre. Les nombreux paysages qu’il y a réalisés, avec leurs couleurs tonitruantes, trahissent l’influence des fauves, Derain et Vlaminck, fréquentés à Montparnasse.

PINCHUS KRÉMÈGNE (1890-1981), DE MONTPARNASSE À CÉRET, exposition-vente jusqu’au 23 mai, galerie Aittouarès, 2 rue des Beaux-Arts, 75006 Paris, tél. 01 40 51 87 46.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°60 du 9 mai 1998, avec le titre suivant : Rutilance orientale

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