Président d’honneur du Parcours des mondes

Robert Vallois : « Pierre Moos a réussi à imposer l’art contemporain d’Afrique »

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 1 septembre 2015 - 765 mots

L'antiquaire Robert Vallois, préside la 14e édition du Parcours des mondes qui s'ouvre cette année à l'art d'Asie.

Antiquaire spécialisé dans l’Art déco, Robert Vallois s’est peu à peu impliqué dans l’art africain contemporain béninois. Très dynamique dans ce domaine, le Parcours des mondes en a fait son président d’honneur.

Pourquoi avoir accepté d’être président d’honneur de la 14e édition du Parcours des mondes ?
Je participe au Parcours des mondes depuis 2011. Le concept, unique à Paris dans cette spécialité – Paris Tribal n’en a que la copie – est formidable, car il fait venir du monde dans les galeries. Ce genre de manifestation implique que les galeries soient concentrées comme c’est aussi le cas à Bruxelles (Bruneaf), car à New York, une telle foire à ciel ouvert n’est pas envisageable, les galeries étant trop éclatées dans la ville. Et aux États-Unis, il n’y a pas la notion du flâneur, comme en France. La galerie Vallois est la seule à exposer de l’art contemporain d’Afrique dans le quartier. Au début, les participants n’étaient pas très enthousiastes à l’idée de s’ouvrir à l’art contemporain. Ça n’a pas été facile, mais Pierre Moos a réussi à imposer son choix. Ainsi, si le Parcours des mondes est l’apanage de l’art africain ancien, il commence à s’étendre à l’art africain contemporain.

Quel est votre rôle en tant que président d’honneur ?
Je n’en ai aucune idée. Nous verrons le soir du vernissage. Si les gens attendent un discours formel, ils n’en auront pas. Mais il va y avoir des surprises.

Pourquoi vous intéressez-vous à l’art contemporain africain et en particulier à celui du Bénin ?
Je m’intéresse à l’art contemporain africain depuis une dizaine d’années. Je ne veux pas m’enfermer dans une bulle. J’ai été élevé avec Arman, César, Ben, toute cette équipe de la Côte d’Azur. C’est un automatisme chez moi de regarder ce qu’il se passe sur les différentes scènes de l’art. L’art d’Afrique, c’est un accident de parcours, un hasard complet ! Quant au Bénin, nous avons été contactés en 2008, notre galerie et le Collectif des antiquaires de Saint-Germain-des-Prés (Paris 6e) par l’ONG Hospitalité et Développement (L’HeD) qui s’occupe du Bénin, pour participer au financement de la construction d’une école à Cotonou, inaugurée en janvier 2009. En échange, la commune nous a donné un terrain sur lequel nous avons créé en 2014 le Centre arts & cultures [pourvu d’une salle d’exposition, d’une bibliothèque, d’ateliers d’artistes…]. Comme je m’intéresse depuis longtemps à la sculpture, j’ai commencé à travailler avec des sculpteurs béninois. Au Bénin, il n’y a rien, pas de matériaux pour sculpter alors les artistes travaillent avec des objets de récupération. C’est aussi un pays d’intellectuels, le Saint-Germain-des-Prés de l’Afrique.

Collectionnez-vous vous-même l’art africain ancien ?
Oui, depuis une dizaine d’années. Je suis environné de marchands d’art africain. C’est intéressant d’ouvrir un peu les yeux. Je collectionne essentiellement l’art Lega (Afrique Centrale), un art très fort. Ma collection sera publiée l’année prochaine. L’année passée, nous l’avons exposée au Musée du président Jacques Chirac à Sarran (Corrèze).

Quelle sera votre actualité pendant le Parcours des mondes ?
Nous organisons deux expositions. Dans la galerie Vallois (41, rue de Seine) nous exposons deux artistes contemporains : Coco Fronsac, qui associe des photos anciennes chinées avec des masques et objets traditionnels extra-européens et King, un jeune céramiste franco-béninois, qui s’inspire de ses racines et du Japon où il y a appris toutes les techniques. Au n° 35 de la rue de Seine, onze artistes béninois et quatre Caribéens mettent en lumière le thème de l’esclavage des temps modernes à travers la prostitution subie, le travail des enfants, le mariage forcé ou encore la dépendance aux nouvelles technologies. Cette exposition se déroule en parallèle à l’Unesco, qui accueille les œuvres de grands formats (du 4 au 11 septembre). Tout le monde connaît mon intérêt pour le Bénin. La diaspora béninoise est installée en France en partie, alors les artistes viennent me voir. Les choses ont pris de l’ampleur, petit à petit. Un musée est en cours de création et sera inauguré en octobre prochain. Il accueillera une collection de sceptres royaux de la période des Rois du Dahomey. Et l’an prochain, nous ouvrirons à proximité un dispensaire.

Quels sont vos projets ?
Nous avons un projet avec Christian Deydier à Hongkong qui devrait se tenir en mai
prochain, si tout va bien. Il y aura un cercle restreint d’exposants, de très haute qualité, les cinquante plus grands marchands au monde, toutes disciplines confondues. Nous avons déjà su les fédérer à New York alors pourquoi pas à Hongkong ?

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°440 du 4 septembre 2015, avec le titre suivant : Robert Vallois : « Pierre Moos a réussi à imposer l’art contemporain d’Afrique »

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