Billet d'humeur

Retournez dans les galeries !

Le Journal des Arts

Le 8 juin 2001 - 383 mots

Depuis plusieurs années, la vie des collectionneurs est rythmée par un nombre croissant de foires et salons en tout genres en France, en Europe et aux États-Unis.

Certains marchands, grâce à une organisation qui relève d’une âme militaire, en arrivent à exposer dans deux salons à la fois, voire dans trois. Ils se déplacent avec leur stock sur le dos, d’une ville à une autre, d’une foire à une autre, tout au long de l’année et n’ont plus le temps de s’occuper de leur galerie. Ces manifestations sont orchestrées par de très professionnels « gentils organisateurs », qui trouvent avec génie thèmes, dates et lieux pour ces happenings très profitables. À côté de ces nouveaux événements, qui viennent s’ajouter aux habituelles grandes ventes aux enchères de prestige, que deviennent les galeries des exposants ? Souvent luxueuses, et bien placées dans les beaux quartiers des grandes capitales, elles sont tristement désertées par les collectionneurs. Pour ces derniers, il est aujourd’hui bien plus aisé de suivre le marché par le biais de ces foires et de ces grandes ventes en feuilletant les catalogues de chez eux que de sillonner les capitales du marché de l’art, Londres, Paris et New York, d’une galerie à une autre.

Posez aux galeristes la question suivante : combien de clients recevez-vous par jour ? La réponse serait trop embarrassante. Alors que faire ? Il faut peut-être recréer l’événement dans la galerie en organisant des expositions à thème, des ouvertures spéciales groupées par quartier, mais surtout, il faut faire prendre conscience aux collectionneurs qu’en allant chez les marchands, ils seront mieux traités, auront un accès prioritaire à certains objets, disposeront de temps pour réfléchir, discuter la qualité et même les prix…, pourront se faire présenter chez eux l’objet de leur convoitise afin de se rassurer sur leur choix. Bref, il faut rendre à la galerie son rôle essentiel : la transmission d’un goût à travers l’ambiance et la sélection du marchand, reflet de sa personnalité. Revenons donc à la réalité : qu’en est-il du plaisir du collectionneur, lorsqu’il achète un objet d’art dans un hall sans âme et surchauffé, au vu et au su de tous ? L’objet d’art n’étant pas un produit de consommation courante, sa présentation dans une galerie est certainement le plus sûr moyen d’en respecter la spécificité. 

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°129 du 8 juin 2001, avec le titre suivant : Retournez dans les galeries !

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