Retour de l’art indien et islamique

Les manuscrits du British Rail Pension Fund triomphent à Londres

Le Journal des Arts

Le 1 juin 1996 - 526 mots

À Londres, la semaine de ventes indiennes et islamiques de la fin du mois d’avril, à laquelle ont participé Sotheby’s, Christie’s et Bonhams, a été marquée par un regain d’activité sur ce marché, réputé difficile du fait de sa grande disparité.

LONDRES - Le clou de la semaine fut sans aucun doute la vente de manuscrits persans et indiens pour le compte du British Rail Pension Fund : 100 % des lots ont été vendus par Sotheby’s pour un résultat d’environ 2,5 millions de livres (près de 20 millions de francs). Les 720 000 livres (5,7 millions de francs) payés par un acheteur indien résidant aux États-Unis pour l’un des quatre feuillets du Shah-Name (le "livre des rois") de Houghton constituent un record mondial. La compétition acharnée, principalement entre collectionneurs privés indiens, autour des nombreuses et importantes peintures Mewar du XVIIIe siècle ont prouvé la vitalité de ce marché, confirmée par les autres ventes de manuscrits et de miniatures chez Sotheby’s et, dans une moindre mesure, Christie’s. Un collectionneur privé britannique a ainsi déboursé 100 000 livres (790 000 francs) pour un somptueux Coran mamelouk, et 73 000 livres (580 000 francs) pour une miniature sertie de jade (estimée entre 6 000 et 10 000 livres), vendus chez Sotheby’s.

En dépit d’une notable amélioration par rapport à l’an dernier, les ventes d’objets ont été plus inégales, même si la céramique islamique s’est bien comportée. Chez Bonhams, la dispersion de la collection Adams a permis à la céramique Kutahya de voir ses prix s’envoler. De même, les céramiques d’Iznik vendues chez Sotheby’s ont montré que ces pièces, notamment les plats, revenaient au premier plan, tendance qui s’est confirmée chez Christie’s. La céramique persane a également obtenu des résultats positifs, en particulier chez Sotheby’s, où un splendide plat d’apparat de Kashan a été vendu 70 000 livres (553 000 livres) à un acheteur du Moyen-Orient.

Si les céramiques ont surtout profité à Sotheby’s, ce sont les armes qui ont triomphé chez Christie’s. Une magnifique cotte de maille exécutée en Égypte au XVe siècle pour le sultan Inal Al-Ashruf a atteint le prix record de 220 000 livres (1,7 million de francs), et un extraordinaire poignard indien du XVIIe siècle, 45 000 livres (355 000 francs).

Des tapis en retrait
La vente d’art indien et du Sud-Est asiatique, chez Sotheby’s, a également donné des preuves de bonne santé, avec des résultats encore jamais atteints pour deux séduisantes statues d’éléphant en pierre d’Hoysala (42 000 livres, soit 332 000 francs) et en bronze de Chola (25 000 livres, soit 200 000 francs). En outre, les peintures de Ravi Varma, généralement considéré com­me le père de la peinture indienne moderne, ont suscité des enchères enfiévrées, atteignant confortablement des sommes à cinq chiffres.

Seuls les tapis sont restés relativement en retrait par rapport à ces bons résultats d’ensemble. Mais malgré le pourcentage relativement élevé d’invendus chez Sotheby’s (35,53 %), Christie’s et Bonhams (environ 40 %), le marché a donné quelques signes encourageants : par exemple, un tapis Ushak à médaillon, de la fin du XVIe siècle, s’est vendu 80 000 livres (632 000 francs) chez Sotheby’s, soit près de quatre fois son estimation.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°26 du 1 juin 1996, avec le titre suivant : Retour de l’art indien et islamique

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