Carré Rive Gauche

Retour aux sources

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 13 mai 2005 - 667 mots

L’événement cherche à fédérer anciens et modernes autour de ses idées fondatrices.

PARIS - Le Carré Rive Gauche se veut cette année consensuel. Tel est le maître mot du nouveau bureau nommé en octobre 2004 sur fond de désenchantement et de grogne, les « anciens » pestant contre le supposé « regard discourtois » des tenants du XXe siècle. « On avait été vécus comme un bureau illégitime, un putsch des modernes, admet le marchand Marc-Antoine Patissier, membre du précédent bureau. Nous ne nous sommes pas représentés car, sinon, cela aurait été la mort du Carré. » Bien leur en a pris, puisque le nombre des adhésions a grimpé de 85 à 123 en quelques mois, enregistrant notamment les retours de Jean Wanecq et d’Anne-Marie Monin. « On veut recimenter les liens, développer le côté associatif avec des réunions tous les deux mois », déclare le nouveau président du Carré, le marchand de céramiques Didier Cramoisan. L’objectif est clair : ranimer les troupes et éviter les rideaux de fer baissés le jour du vernissage.

La manifestation a aussi renoué avec l’ancien calendrier du mois de mai. « Juin, c’est trop tard, on est à contre-courant, explique Didier Cramoisan. Toute une clientèle internationale est à Londres, où se déroulent de nombreuses foires comme Grosvenor, Olympia ou la Ceramic fair. » Et il est vital de redonner de l’entrain à un quartier dont l’encéphalogramme côté affaires est plat malgré l’installation l’an passé de sept nouvelles enseignes.

Le Carré relance le thème fondateur de l’« Objet extraordinaire ». « On n’invente rien de nouveau, on se place dans une tradition trentenaire », convient Didier Cramoisan qui présentera un vase en porcelaine de Sèvres en forme de buire indienne (70 000 euros).  Derrière les poids lourds du quai Voltaire et quelques figures isolées comme Jacques Lacoste ou Flore de Brantes, beaucoup de marchands jouent la carte de la décoration plutôt que celle de la grande antiquité.

Dialogue des siècles
Bien que les expositions soient de plus en plus rares en galerie, la galerie Myrna Myers présente « La femme en soie », hommage aux Koriyama, couple franco-japonais décédé, donateur d’estampes au Musée Guimet. Les prix naviguent entre 1 000 et 7 000 euros pour une quarantaine d’estampes et de peintures qui rendent compte de façon attachante du regard des collectionneurs.

Nouvellement installée rue des Saints-Pères, la galerie Origines offre un florilège de cheminées et d’éléments d’architecture de plus en plus prisés par la clientèle russe. L’objet choisi sera toutefois une sculpture en marbre monumentale d’Alfred Lenoir, La Source endormie d’Auteuil, proposée pour 90 000 euros. Si les organisateurs portent l’accent sur la mosaïque de disciplines du quadrilatère, le XXe siècle n’en poursuit pas moins son infiltration avec les galeries Orfeo et Mandalian Paillard, ouvertes depuis l’an dernier. Arrivée des Puces, Marie-Alexandrine Yvernault présente pour 12 000 euros une paire de bouquetières de Colette Gueden, directrice des anciens ateliers Primavera. Chez Duo, rue de Lille, les amateurs de fonctionnalisme s’attarderont devant des sièges (1905) de Gustave Serrurier-Bovy en peuplier. Pour le plaisir des yeux seulement, car cet ensemble a déjà trouvé preneur. Surfant lui aussi sur la vague XXe, Philippe Murat-David propose un cabinet Lenôtre de Garouste et Bonetti pour 30 000 euros.

Quai Voltaire, le cœur balance entre Les Harpistes, projet de papier peint de Maurice Denis, chez Antoine Laurentin, et une Vierge en albâtre du XIVe siècle (120 000 euros) chez Bresset. Les Chevalier offrent pour leur part un dialogue à trois siècles d’écart entre une tapisserie représentant Le Sanglier de Calydon d’après Rubens (75 000 euros) et un autre Sanglier d’après un carton de Jean Lurçat (30 000 euros). Dialogue au demeurant intelligent car, même si les marchands tendent à maugréer contre une « mainmise » du moderne, les adeptes du mélange tireront mieux leur épingle du jeu que les orgueilleux du Period room.

CARRÉ RIVE GAUCHE

Du 26 au 29 mai, rues du Bac, de Beaune, de Lille, de l’Université, des Saints-Pères, de Verneuil, quai Voltaire, tlj 11h-22, www.carrerivegauche.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°215 du 13 mai 2005, avec le titre suivant : Retour aux sources

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