Retour aux primitifs

Cinquante objets d’art africain chez Me Tajan

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 15 décembre 2000 - 430 mots

Trois ans après la fermeture de son département d’art primitif, l’étude Tajan effectue un retour sur ce marché en s’appuyant sur les experts Philippe Ratton et Daniel Hourdé. Leur première vente, qui se tiendra le 21 décembre à l’hôtel Four Seasons, George-V, comprend cinquante objets africains dont une belle statuette Fang du Gabon.

PARIS - Cette statuette Fang, aux yeux en forme d’amande plantés au milieu d’un visage boudeur, était utilisée lors du culte des ancêtres ou culte du Byeri. En vertu de ce rituel, “des morceaux de calotte crânienne ou de phalanges appartenant à quelque illustre défunt sont conservés dans des boîtes cylindriques faites d’écorce entourées, surmontées d’une statuette en position assise, explique Daniel Ratton. Cette urne funéraire était conservée, dans la chambre des maîtres, sous la vigilance des anciens”. Cette pièce à la belle patine noire, qui appartenait à un architecte français – collection Roux à Nice – (1,5 à 2 millions de francs) voisine avec deux masques Bapunu qui dateraient de la fin du XIXe siècle (300-350 000 francs pour l’un, 200-250 000 francs pour l’autre). Ces objets empreints d’une grande douceur constituent des vecteurs entre le monde des vivants et celui des morts. Moins beaux que le masque Punu qui s’est envolé à 1 million de francs le 28 mai sous le marteau de Me Ricqlès, ils ne devraient pas atteindre de pareilles enchères.

Plusieurs autres pièces proviennent d’une grande collection réalisée dans les années soixante aux États-Unis. C’est le cas d’un étonnant siège cérémoniel anthropomorphe Tshokwe d’Angola (500-700 000 francs). Haut de 53 cm, il est constitué d’un plateau prenant appui sur le cou d’un personnage féminin assis sur son séant les jambes repliées et les coudes posés sur les genoux. Un masque Dogon surmonté d’une grande statuette féminine aux bras en croix (113 cm de hauteur) est issu de cette même collection (350-400 000 francs). On remarquera également un reliquaire Bakota au front bombé et au visage en forme de cœur (250-300 000 francs) et un masque Baoulé surmonté d’une tête janiforme flanquée de deux oreilles éléphantesques (300-350 000 francs). “La sereine intériorité de ces masques, la perfection de leur exécution, leur rigueur démontrent à quel point cet art nègre que l’on appellera plus tard ‘primitif’ sait rivaliser avec le classicisme”, soulignent les experts. Dans une gamme de prix moins élevés figurent des objets usuels comme cet appui-nuque des îles Tonga (20-25 000 francs) et des masques plus modestes comme cette pièce Bambara anthropozoomorphe, synthèse de plusieurs animaux (30-35 000 francs) et cet objet Dan de Côte d’Ivoire à patine noire (40-60 000 francs).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°117 du 15 décembre 2000, avec le titre suivant : Retour aux primitifs

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