SVV Tajan

Remporter la coupe

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 19 novembre 2007 - 473 mots

Succès éclatant pour la céramique et l’orfèvrerie de la collection Jean Thuile.

PARIS - Le 24 octobre, la dispersion par la maison Tajan de la collection Jean Thuile, un fabuleux ensemble de pièces de céramique et d’orfèvrerie anciennes, a fait sensation à Drouot, à Paris. Près de 2 millions d’euros ont été enregistrés, c’est-à-dire plus du double des estimations. Plus de deux cents personnes – collectionneurs, marchands et représentants de grands musées français –, étaient présentes, tandis que dix à quinze acheteurs internationaux au téléphone bataillaient en permanence sur les lots majeurs.

Flambée des prix
Contre toute attente, la plus haute enchère est revenue à une potiche couverte de Saint-Cloud, de forme balustre à décor dit « à l’échantillon » en camaïeu bleu de cobalt dans le style des porcelaines chinoises Wanli, datant du dernier quart du XVIIe siècle. Estimée 10 000 euros, cette pièce « hors collection Thuile » s’est envolée à 172 650 euros, un record pour une porcelaine à décor bleu et blanc de Saint-Cloud. « Bien que la pièce soit rare et la seule connue avec son couvercle, cette enchère est inattendue », note l’expert Georges Lefebvre. L’exceptionnel coffret de mariage de Moustiers de forme rectangulaire couvert, à décor camaïeu bleu, a été emporté par un collectionneur français pour 91 260 euros. Une assiette de Rouen de la première moitié du XVIIIe siècle à décor à l’« ocre niellé », estimée 10 000 euros, est montée jusqu’à 55 500 euros. « C’était l’une des plus belles apparues sur le marché depuis dix ans », souligne l’expert. Les amateurs italiens ont défendu leurs majoliques, tel un albarello florentin à décor polychrome dans le style hispano-mauresque, adjugé 29 600 euros, le triple de l’estimation. Les trois albarelli de Rouen de Masséot Abaquesne, la seule fabrique capable de rivaliser avec les Italiennes du XVIe siècle, sont parties entre 25 000 et 31 000 euros. La flambée des prix a bizarrement épargné les faïences de Montpellier, vendues dans des estimations très raisonnables, ce qui a sans doute facilité les achats discrets du Musée Fabre de la ville.
La deuxième partie de la vente Thuile, consacrée à la très belle orfèvrerie, a connu un succès comparable. La vedette revient à une très rare coupe de libation en argent du XVIIe siècle, de Montpellier, par Abraham Fayet, figurant en son centre un Bacchus travaillé en repoussé et repris en ciselure. Elle a été cédée pour 148 000 euros, trois fois son estimation. Des prix remarquables ont été atteints pour une paire de bougeoirs en argent du XVIIIe siècle par Claude Dargent, finement et richement décorée, vendue 34 530 euros ; une aiguière et son bassin en argent, travail montpelliérain de Jean-Pascal Miston, 1761/1762, adjugée 38 230 euros, ou encore un saupoudroir du début du XVIIIe siècle aux armes de la famille Pazery, parti à 25 900 euros.

COLLECTION THUILE

- Experts : Georges Lefebvre (céramique) et Arnould de Charette (orfèvrerie) - Estimation : 700 000 euros - Résultat : 1,9 million d’euros - Nombre de lots vendus/invendus : 198/13 - Lots vendus : 94 % - Nombre de préemptions : 2

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°269 du 16 novembre 2007, avec le titre suivant : Remporter la coupe

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