Regroupement ou spécialisation

Quel avenir pour les maisons de vente françaises ?

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 20 octobre 2000 - 536 mots

Marché de l’art : révolution et renouveau. Tel était le titre du colloque réunissant à Paris le 3 octobre quelques-unes des grandes figures du marché international qui ont réfléchi à l’avenir de la place de Paris à la veille de l’ouverture du marché à la concurrence. Regroupement ou spécialisation devraient être les conditions de survie pour les maisons de vente parisiennes.

PARIS - Le décor est planté. Les principaux acteurs sont tous dans les starting-blocks pour une ouverture du marché qui devrait intervenir en début d’année prochaine. C’est le moment qu’a choisi le quotidien Les Échos et eAuctionRoom pour se lancer dans la prospective. L’occasion pour les intervenants de s’interroger sur les atouts de la place de Paris face au modèle anglo-saxon et sur les conséquences de la disparition du monopole (“Fin du monopole, vers une sélection naturelle ?”). Tous se sont accordés à voir en la France un formidable grenier d’œuvres d’art. Un vivier dans lequel devraient continuer de “pêcher” les auctioneers pour alimenter les salles de ventes de New York, Londres ou Hongkong comme l’avoue sans détour François Curiel. Le président Europe du groupe Christie’s insiste sur la facilité qui sera offerte aux collectionneurs français de vendre aux meilleurs prix leurs objets à l’étranger. “On leur donnera la possibilité d’obtenir le meilleur prix possible pour leurs œuvres d’art si leur marché est en Asie ou en Amérique”, explique-t-il. L’auctioneer vendra à Paris à des moments ciblés comme la Biennale des antiquaires ou lors des défilés de mode et dispersera “des objets dans leur jus provenant de l’étranger”, ajoute-t-il. Dominique Ribeyre, président de la Compagnie des commissaires-priseurs de Paris reconnaît, de son côté, que “le grenier se vide et que la France est peu à peu réduite à un marché d’exportation”. Robin Woodhead, président de Sotheby’s Europe et Asie, souligne que sa maison de vente a exporté hors de France l’an passé pour plus d’un milliard de francs d’objets d’art. La fin du monopole devrait permettre de limiter cette hémorragie. Sotheby’s présentera à Paris certaines spécialités comme l’Art déco et l’Art nouveau, la peinture ancienne, l’art primitif. Phillips, par la voix de sa directrice pour la France, Marie-Laure de Cazotte, précise, qu’elle dispersera à Paris certaines catégories d’objets dont les arts décoratifs français et les tableaux anciens.

Niches spécialisées
Quelle part du gâteau restera-t-il aux acteurs français dans ce nouveau contexte ? Quel sera le nouveau paysage hexagonal ? C’est à ces questions qu’ont tenté de répondre trois autres intervenants. Pour Laure de Beauvau-Craon, PDG de Sotheby’s France et vice-président de Sotheby’s Europe, la sélection naturelle s’est déjà faite. En 1952, explique-t-elle, l’étude Ader réalisait, à elle seule, un chiffre d’affaires supérieur à celui des deux auctioneers réunis. Aujourd’hui, ils approchent chacun les 15 milliards de francs de produit contre 4 milliards pour Drouot. Pour Hughe Joffre, il y aura place en France pour des niches spécialisées. “Des alliances entre commissaires-priseurs devraient se conclure, analyse le président du directoire de Christie’s France. Dans dix ans, il y aura place pour trois ou quatre maisons de ventes généralistes et pour quelques opérateurs spécialisés qui opéreront dans des niches comme les voitures de collection, les livres ou les montres, dans lesquelles œuvreront ceux qui ne veulent pas grandir.”

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°113 du 20 octobre 2000, avec le titre suivant : Regroupement ou spécialisation

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