Mobilier ancien

Reflets d’une époque

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 12 mars 2008 - 770 mots

Nouveau défi pour la SVV Tajan qui relance avec un nouvel expert son département
mobilier et objets d’art des XVIIIe et XIXe siècles.

PARIS - La maison Tajan souhaite redonner à son département Mobilier et objets d’art des XVIIIe et XIXe siècles la place d’honneur qu’il avait encore il y a quelques années… avant le 11 Septembre 2001, la baisse du dollar américain, l’arrivée en France des multinationales Christie’s et Sotheby’s qui raflent aujourd’hui une grande partie de la marchandise de prestige et la mode actuelle pour les Arts décoratifs du XXe siècle.
Du temps de son fondateur Jacques Tajan, la maison de ventes a été la référence dans cette spécialité pour deux générations de collectionneurs et de professionnels, notamment grâce à ses ventes de prestige organisées à l’hôtel parisien Georges V. Les amateurs de mobilier ancien y allaient comme à la messe. À présent, si le nom de Tajan a gardé de sa superbe comme en témoigne le flux continu de dépôts d’objets d’art de la part de clients traditionnels auprès de la maison de ventes, la qualité générale des ventes est globalement en baisse. Pour y remédier, Rodica Seward, l’actuelle patronne de la SVV Tajan, tente de regonfler plusieurs de ses départements en renouvelant son équipe de collaborateurs. Après avoir rencontré plusieurs experts et marchands spécialistes du mobilier ancien, elle a décidé de travailler avec l’expert et antiquaire Camille Burgi. « J’ai rejoint la maison Tajan car pour moi le nom de cette maison a toujours été associé au meilleur du XVIIIe, déclare le marchand. Et les ventes publiques, en promouvant cette spécialité à Paris, ont toujours été complémentaires de l’activité des antiquaires. » Et de préciser : « J’ai été rigoureux sur la qualité de la marchandise et sur la véracité des descriptifs au catalogue ». Sans être une grande vente de prestige, la vacation du 20 mars affiche des lots de très belle qualité avec des estimations attractives.
Vedette de la vente, un rarissime miroir d’époque Louis XV, exceptionnel par son riche décor rocaille de bronze ciselé et doré, suscite l’attention de nombreux amateurs. Estimé 120 000 euros, il est composé de deux bras de lumière et orné de deux chimères, de deux putti et, au sommet, d’un angelot posé sur une coquille. On retiendra aussi une belle et classique commode d’époque Louis XIV en marqueterie à décor de fleurs, volutes, papillons et oiseaux, de personnages et masques, estimée 60 000 euros ; une paire d’élégantes et larges consoles dessertes en acajou d’époque Louis XVI, estimée 100 000 euros ; une très belle table de salon de forme ovale en placage d’acajou, de la fin de l’époque Louis XVI, attribuée à Roentgen et estimée 130 000 euros et une paire de vases couverts en marbre noir dit « Petit Antique » et bronze doré et ciselé, d’époque Louis XVI. Estimée 80 000 euros, cette paire de vases de 51 cm qui est un modèle de Gouthière, provient d’un château français.
Le XIXe siècle est représenté par un important bureau de milieu, en placage d’acajou, d’époque Empire, estampillé « Jacob frères, rue Meslée » et estimé 30 000 euros et une console néoclassique de la même époque, en acajou et placage d’acajou, également estampillée Jacob. Estimée 30 000 euros, reposant sur deux montants postérieurs encadrant un fond en miroir et deux montants antérieurs surmontés de pilastres en bronze doré, cette console correspond tout à fait au goût des nouveaux acheteurs russes. Notons encore une importante lanterne de 1,50 m de hauteur, de style Louis XV (vers 1900), de forme hexagonale à six bras de lumière, en bronze ciselé et « redoré », précise l’expert. Estimé 45 000 euros, cet objet de très grande décoration a été exécuté d’après un modèle du château de Fontainebleau datant du milieu du XVIIIe siècle. Signalons enfin une importante armoire en placage d’ébène de style Louis XIV, estampillée Lippmann, provenant du château de Hérivaux (Val-d’Oise). Estimée 40 000 euros, elle ouvre par deux portes garnies de panneaux en laque de Coromandel à décor de personnages, de paysages et d’intérieur de palais. Son fronton à arcatures est orné de feuilles d’acanthe en bronze ciselé et doré et d’une tête d’Inro (dieu de la fertilité) en bois sculpté.
La perspective d’une plus belle vente de prestige, le 24 juin, dépendra du succès de la vacation du 20 mars.

MEUBLES ET OBJETS D’ART DES XVIIIe ET XIXe SIÈCLES, vente le 20 mars à l’espace Tajan, SVV Tajan, 37, rue des Mathurins, 75008 Paris, tél. 01 53 30 30 30, www.tajan.com, expositions publiques : du 10 au 15 mars et du 17 au 19 mars 10h-18h.

MEUBLES ET OBJETS D’ART DES XVIIIe ET XIXe SIÈCLES,
- Experts : Camille Burgi et Roland de l’Espée
- Estimation : 4 millions d’euros
- Nombre de lots : 184

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°277 du 14 mars 2008, avec le titre suivant : Reflets d’une époque

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