Galerie

ANNÉES 1940

Quand Hélion revient à la figuration

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 18 octobre 2017 - 505 mots

La Galerie Malingue redécouvre l’œuvre de ce peintre au parcours atypique.

Paris. Après une importante campagne de rénovation de ses espaces de l’avenue Matignon, Daniel Malingue présente 25 œuvres figuratives de Jean Hélion (1904-1987), toutes réalisées dans les années 1940. « C’était depuis longtemps dans les tuyaux : il y a plus de vingt ans, j’ai eu l’opportunité de racheter une dizaine de tableaux de cette période à l’épouse du marchand d’art Paul Rosenberg », rapporte Daniel Malingue.

À cette époque, le peintre français est à New York et remporte un vif succès pour ses toiles abstraites. Il est l’un des membres fondateurs du groupe Abstraction-Création en 1929. Mais il va se tourner, au début de la décennie suivante, soit au moment même où domine partout la peinture abstraite, vers la figuration. « Il s’est toujours intéressé aux choses de la vie, à l’être humain. Déjà, dans ses compositions abstraites, il matérialisait ses formes. Et à l’inverse, dans ses compositions figuratives, il conserve des éléments abstraits et une certaine géométrie dans la construction », commente Daniel Malingue. À contre-courant, il suscite l’incompréhension de son public et est alors considéré comme « un genre de renégat », écrit le critique d’art et enseignant Philippe Dagen, qui préface le catalogue édité pour l’occasion. Rentré en France en 1946, il entame alors une traversée du désert.

Pourquoi ce focus sur les années 1940 ? « C’est, d’après moi, la période la plus originale d’Hélion et je souhaite la faire reconnaître comme telle, explique le galeriste. C’était un avant-gardiste. Selon moi, il est même l’un des précurseurs du pop art, ce que le journaliste et critique d’art anglais Robert Melville écrivait déjà en 1965 dans le magazine New Statesman. » Il est en effet troublant de constater que certaines images d’œuvres pop de Tom Wesselmann ou de Roy Lichtenstein font écho à des formules visuelles d’Hélion telles que celles de L’Escalier (1944).
 

Décider des prêteurs à vendre

L’exposition se veut non commerciale. Si huit œuvres appartiennent à la galerie, les autres ont été prêtées par des collectionneurs privés quand trois proviennent des musées – fait rarissime pour une exposition en galerie. La toile À rebours est ainsi fournie par le Musée national d’art moderne-Centre Pompidou ; Nu renversé, par le Musée d’art moderne de la Ville de Paris. « Avec cette démarche, nous espérons drainer un public vendeur car notre problème n’est pas de vendre mais de trouver et d’acheter des œuvres !, confie Daniel Malingue. Je ne suis pas particulièrement vendeur mais j’aimerais décider cinq ou six prêteurs à vendre leur œuvre. » L’une d’entre elles pourrait être affichée à 1,2-1,5 million d’euros.

« Il n’y a pas d’œuvres de cette qualité qui soit passée aux enchères récemment », souligne Éléonore Malingue. Le record pour le Hélion abstrait est de 3,2 millions d’euros avec Abstraction, 1935 (Christie’s New York, 2015), tandis que pour le figuratif le score est de 410 280 euros avec L’Homme au front rouge, 1946 (Versailles Enchères, 2016). Plus confidentiel, cet aspect de l’art d’Hélion ne jouit pas véritablement d’une bonne cote sur le marché.

 

 

Jean Hélion. Les années 40,
jusqu’au 16 décembre, Galerie Malingue, 26, avenue Matignon, 75008 Paris.

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°487 du 20 octobre 2017, avec le titre suivant : Quand Hélion revient à la figuration

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