Arts premiers

Présence renforcée de l’art asiatique

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 4 octobre 2007 - 702 mots

Délesté du préfixe « Kaos », le « Parcours des Mondes » rallie toujours les pointures des arts non occidentaux.

PARIS - Chaque année, la planète de l’art tribal se donne rendez-vous en septembre à Paris pour le « Parcours des Mondes ». Efficace, la formule – une foire dispersée dans les galeries du quartier de la rue de Seine – évolue peu d’une année sur l’autre. Le vœu, souvent exprimé, d’ouvrir l’événement à l’archéologie du Proche-Orient, reste ainsi lettre morte. En revanche, le pan asiatique se renforce cette fois avec l’arrivée de Tony Anninos (Sausalito, États-Unis) et du spécialiste des Netsuke, Sagemonoya (Tokyo). Le vrai changement de cette édition s’avère d’ordre sémantique, les organisateurs ayant choisi de supprimer le préfixe « Kaos ». Une décision d’autant plus incongrue que ce mot, bref et international, servait de diminutif à la manifestation. Plus regrettable, l’absence de la galerie Ratton-Hourdé (Paris), laquelle a privilégié son exposition rituelle du mois de juin. « Nous n’avons pas de projet spécial d’exposition et nous trouvons que la qualité générale mériterait d’être relevée », confie Daniel Hourdé, dont le fils, Charles-Wesley Hourdé (Paris), participe pour la première fois en solo à l’événement. Même si certains font la fine bouche, le Parcours des Mondes reste une plate-forme où les marchands réalisent un important volant d’affaires. Aussi comprend-on leur agacement de certains à l’annonce de la vente Ginzberg chez Sotheby’s le 10 septembre (lire p. 20). Ces derniers grimacent d’autant plus en voyant les enchères dépasser parfois de quatre à cinq fois leurs tarifs en galerie. « On s’y attend depuis longtemps et c’est la preuve de notre réussite, déclare le spécialiste des arts océaniens, Anthony Meyer (Paris). S’il y avait une vente aux enchères avec de l’art sculptural, les gens réserveraient leur argent pour ça. Là, c’est une vente plus d’ethnographie, qui n’attaque pas le Parcours. Mais si jamais les maisons de ventes s’aventuraient à venir avec leurs gros sabots coller leurs ventes de novembre en septembre, là je dirais non ! »

Expositions thématiques
Face au rouleau compresseur des auctioneers, les galeries n’ont d’autres choix que de s’affirmer dans des expositions thématiques, souvent de haute volée, à l’image du panorama des Arts du Mali chez Renaud Vanuxem (Paris). Bien qu’elle ne compte pas d’objets semblables à la sculpture Dogon vendue pour 4 millions d’euros par les Leloup au Musée du quai Branly en 2005, l’exposition s’impose par sa rigueur. Dans un marché aux prix de plus en plus vertigineux, elle offre même une lucarne à de nouveaux collectionneurs avec des petites statuettes ou des fers abordables. Le Mali s’invite aussi chez Bernard Dulon (Paris) via un focus sur les arts Dogon, tout comme il s’insinue dans l’exposition consacrée aux archétypes à la galerie Dandrieu-Giovagnoni (Rome). « Archétype, cela veut dire à la fois archaïque, mythique et mystique », explique Chantal Dandrieu, en présentant trois sculptures majeures, dont une statue-pilon proto-Sénoufo de l’ancienne collection Pierre Loeb. Atavisme oblige, le fils de ce célèbre galeriste, Albert Loeb (Paris), décline pour sa part le thème de l’oiseau à travers des accoutrements du théâtre sacré du Mali et des trophées d’agriculture. Déjà mis en exergue l’an dernier par Alain Bovis (Paris), le Nigeria est cette fois valorisé par Patrick Claes (Bruxelles). « C’est un domaine qui reste sous-évalué, observe le jeune marchand. On peut ainsi acheter des chefs-d’œuvre du Nigeria pour le prix d’objets moyens du Gabon. » Le marchand affiche notamment un masque Igala et un masque buffle Chamba. C’est un masque buffle cette fois du Burkina Faso que dévoile Maine Durieu (Paris), tandis que chez les Flak (Paris), un décor de bouche de Nouvelle-Irlande tutoie un grand masque Baoulé de Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire, puisqu’on l’évoque, siège en majesté chez Alain Bovis, entre la brutalité de certaines concrétions croûteuses et la suavité de bois huilés. Nous sommes davantage en terra incognita avec la nouvelle recrue, Sam Fogg (Londres), lequel révèle le syncrétisme de l’art éthiopien, mêlant influence chrétienne à celle de l’Islam. Le Parcours des Mondes donne même des ailes aux marchands d’autres spécialités. La galerie 1900-2000 (Paris) offre ainsi un panorama de l’art océanien en larguant les amarres vers ces contrées qui ont fait rêver les surréalistes.

PARCOURS DES MONDES

12-16 septembre, Saint-Germain-des-Prés, Paris, www.parcours-des-mondes.com, vernissage le 11 septembre, 14h-21h, du 12 au 16, 11h-19h.

Parcours des mondes

- Organisateurs : Rik Gadella et Nathalie Amae - Nombre d’exposants : 53 - Tarifs : 3 600 euros/galerie

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°264 du 7 septembre 2007, avec le titre suivant : Présence renforcée de l’art asiatique

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