Art moderne et contemporain

Pouvoir d’attraction

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 30 juillet 2007 - 688 mots

Christie’s entreprend de vendre plus d’œuvres importantes sur le marché parisien.

 PARIS - Christie’s annonce une très belle vente d’art impressionniste et moderne dans sa salle parisienne, le 23 mai. Le lot phare, un rare tableau d’Édouard Manet, Femme nue se coiffant, estimé 2,5 à 3,5 millions d’euros, provient des descendants de la famille du peintre. Il n’est pas rare depuis deux ans de trouver de tels chefs- d’œuvre à vendre à Paris chez Christie’s, qui garde régulièrement quelques pépites dans l’Hexagone. « Nous [y] sommes encouragés, car le marché réagit bien », soutient Anika Guntrum, directrice du département concerné à Paris. Les vendeurs français y réfléchissent aujourd’hui à deux fois avant d’envoyer outre-Atlantique ou outre-Manche leurs tableaux, qui manquent de relief aux côtés des chefs-d’œuvre proposés. Ainsi, Jeune fille aux anémones sur fond violet, un tableau de 1944 d’Henri Matisse, estimé 2 à 3 millions d’euros et emporté par un amateur européen pour 5,1 millions d’euros le 1er décembre 2006 à Paris chez Christie’s, avait été un lot invendu de la vacation du 4 mai 2004 à New York, où il était proposé entre 4 et 6 millions de dollars (3 à 4,4 millions d’euros). Il avait pourtant fait la couverture du catalogue aux États-Unis.
Mais Christie’s va plus loin et donne désormais plus « d’envergure internationale » à ses ventes d’art contemporain à Paris. Précédant une vente habituelle, un ensemble de 60 œuvres importantes provenant de collections particulières françaises, estimé à lui seul 9 à 13 millions d’euros, sera dispersé pour la première fois en soirée le 30 mai. On relève notamment trois toiles de Francis Bacon, Joan Mitchell et Gerhard Richter que l’auctioneer veut mettre « particulièrement en valeur sur le marché parisien ». Une toile abstraite Sans titre (1971) de Joan Mitchell a été estimée 1,2 à 1,5 million d’euros. Notons qu’Artcurial, leader en France pour l’art contemporain, a déjà ouvert la voie en cédant le 30 octobre 2006 un tableau de 1970 de l’artiste américaine intitulé Salut Sally, pour le record mondial de 2,58 millions d’euros. Untitled (Figure on a Dais) de Bacon, peinture estimée 3,5 à 4,5 millions d’euros, fait partie d’une série d’œuvres réalisée à Tanger à la fin des années 1950 et que Bacon a toujours reniée. Ces toiles non signées ont été tout récemment réhabilitées par le comité Bacon. Enfin, la vente de l’œuvre abstraite Abstraktes Bild (1987) par Gerhard Richter, sur une estimation de 500 000 euros, constituera un vrai test pour Paris.

Ventes dopées ?
Sotheby’s défend pour sa part une autre tactique que celle prônée par Christie’s. « Je vends sans problème des œuvres de Poliakoff, Soulages ou Hantaï à Paris, où je réunis le plus d’acheteurs. Mais, toujours en tenant compte de la nationalité de mes collectionneurs, je sais qu’une toile de Richter se vendra certainement mieux à Londres ou à New York », affirme Grégoire Billault, directeur du département d’art contemporain de Sotheby’s France. Et si Christie’s dopait ses ventes parisiennes pour conserver sa première place parmi les maisons de ventes françaises ? « Le critère de décision prioritaire est la défense des intérêts du vendeur, en présentant son œuvre d’art sur le marché où elle aura le plus de chances d’atteindre le prix le plus élevé. La gestion de chaque département étant pleinement internationale, aucun spécialiste dans un pays particulier ne peut se prévaloir d’un impératif de développement local pour passer outre ce critère prioritaire, réplique François Curiel, président de Christie’s France et de Christie’s Europe. En outre, Christie’s ne peut négliger un marché national qui représente aujourd’hui à lui seul 16 % du marché mondial des ventes d’œuvres d’art. Ce marché bénéficie de la présence d’un grand nombre de professionnels, ainsi que d’un large panel de collectionneurs et d’un pouvoir d’attraction manifeste sur les acquéreurs étrangers, qui aiment se rendre en France. À ce titre, son potentiel est important. »

- ART IMPRESSIONNISTE ET MODERNE, vente le 23 mai, 9, av. Matignon, 75008 Paris, tél. 01 40 76 85 85 ; expositions publiques : les 19, 21 et 22 mai, 10h-18h, le 23 mai 10h-12h, www.christies.com - ART D’APRÈS GUERRE ET CONTEMPORAIN, vente les 30 et 31 mai, 9, av. Matignon, 75008 Paris, tél. 01 40 76 85 85 ; expositions publiques : les 25, 26, 28 et 29 mai, 10h-18h, le 30 mai 10h-12h, www.christies.com

ART IMPRESSIONNISTE ET MODERNE - Expert : Anika Guntrum - Estimation : 7 à 10 millions d’euros - Nombre de lots : 232 ART D’APRÈS GUERRE ET CONTEMPORAIN - Expert : Florence de Botton - Estimation : 12 à 16 millions d’euros - Nombre de lots : 290

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°259 du 11 mai 2007, avec le titre suivant : Pouvoir d’attraction

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