Billet d'humeur

Pour un statut de l’œuvre d’art

Le Journal des Arts

Le 9 novembre 2001 - 391 mots

Les trois quarts d’une colonne du Journal des Arts, pas de quoi s’étendre ! De quoi parler ?

De la fiscalité, affligeante d’hypocrisie ? De l’ouverture contrôlée du marché français des ventes publiques ? Du rapport Quemin ? De la valeur limitée des œuvres d’artistes français sur le marché international ? Du succès relatif de la Fiac 2001 ? Des grèves des musées nationaux ? De l’écoute attentive du Quai d’Orsay pour aider au rayonnement de l’art français dans le monde ? Du formidable choix de Tadao Ando comme architecte de la future Fondation Pinault ? Et pourquoi pas d’une exposition, pas dans les musées, 35 heures obligent, mais dans une galerie parisienne ? De Paris Photo ? À l’approche des élections présidentielles, les promesses vont aller bon train… j’aurais presque envie d’en souffler une de plus : dire « oui » à un statut officiel de l’œuvre d’art. Car force est de constater que l’extrême richesse des collections publiques françaises provient de collections particulières par donation, legs ou dation. Et même pour les œuvres les plus importantes ! Oui, le marché peut être fluctuant sur tel ou tel courant ou artiste, et donc, une œuvre d’art n’a de valeur qu’au moment de sa revente éventuelle. Une œuvre n’est pas génératrice de revenus ou de dividendes, alors pourquoi l’imaginer dans l’ISF, à moins de vouloir brader le patrimoine culturel français ?

Pourquoi avoir créé en 1991 une taxe à l’importation de 5,5 % qui a fait chuter les importations d’œuvres (2 245 millions de francs en 1990 contre 606 millions en 1992), qui n’a pas enrichi le patrimoine, et rapporté seulement 34 millions de francs avec un manque à gagner pour l’État sur la TVA évalué à 200 millions de francs. Bercy a, à nouveau, fait la preuve de sa capacité à créer des impôts contre-productifs, à la fois en termes de revenu fiscal et de créations d’emplois… !

Heureusement, le protectionnisme, le manque de liberté de circulation des œuvres d’art, la fiscalité lourde et mal adaptée n’ont en rien entamé la passion de certains de collectionner, de chiner, de rêver et de constituer autour d’un lieu, d’un objet, un havre de bonheur et de sérénité. Ce n’est pas seulement un simple hommage qu’il faut rendre à tout collectionneur, mais il faut aussi lui accorder un régime fiscal et patrimonial particulier.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°136 du 9 novembre 2001, avec le titre suivant : Pour un statut de l’œuvre d’art

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