Peinture

Portraits privés cherchent public

Succès mitigé pour les vedettes de la vente Piasa du 13 décembre, mais les coquillages du peintre hollandais Adriaen Honich ont créé la surprise

Le Journal des Arts

Le 9 janvier 2008 - 504 mots

PARIS - Le portrait par David de son gendre Claude Marie Meunier, officier exemplaire de l’épopée napoléonienne, dont les traits ne sont pas sans rappeler ceux de l’Empereur lui-même, est peut-être un peu trop typique pour être vraiment fascinant. Le tableau, assez bien connu, appartient à la série de portraits de famille que David réalise dans les années 1810. Il est sobrement chaleureux, savamment hâtif. Sans doute le plus moderne ruban de Légion d’Honneur jamais peint, une rose de Van Dongen. Pourtant à 3 100 062 euros, l’oeuvre phare vendue par Piasa en association avec Parisud Enchères a sans doute franchi de justesse son prix de réserve. La vente était dominée par ce petit groupe de portraits prestigieux, avec deux reprises d’oeuvres célèbres : le Benjamin Franklin de Joseph-Siffred Duplessis, huile sur toile reprenant le portrait au pastel conservé à Washington, a plus que doublé son estimation haute, atteignant 378 485 euros après des enchères fébriles démarrées à 60 000 euros. Il est vrai qu’il était déjà tout restauré à l’américaine, parfaitement lisse et rutilant, ce qui aura peut-être achevé de convaincre l’acheteur américain assis au premier rang. En revanche, une délicieuse version « d’atelier », à destination privée, du portrait du duc Ferdinand d’Orléans par Ingres, où la main du maître nous a paru nettement présente, ne s’est pas vendue. La fameuse effigie que le Louvre vient enfin d’acquérir grâce au mécénat d’AXA a été répliquée en plusieurs versions, l’une d’elles détachant le personnage sur fond de parc de Saint-Cloud. C’est celle que l’on retrouvait ici en petit format.
Ah, les réductions ! C’est tout juste si l’on ne craint pas de s’acheter un vulgaire poster. Celle de la Messe de saint Basile, chef-d’oeuvre de Pierre Subleyras transcrit en mosaïque pour l’éternité à Saint-Pierre de Rome, a pourtant atteint un prix honorable, 264 130 euros. Cela reste une excellente affaire, car même si les versions sont nombreuses, celle-ci est éblouissante et il s’agit tout simplement d’un sommet de l’art français. Le prédécesseur de Subleyras à l’Académie de France à Rome, Nicolas Vleughels, fournissait l’une des perles de la vente avec un petit panneau, Télémaque dans l’île de Calypso, adjugé à 40 500 euros, plus du double de son estimation haute. Mais le véritable coup d’éclat était hollandais et avait eu lieu dès les premiers numéros, avec les deux exceptionnelles natures mortes aux coquillages d’Adriaen Honich. Succédant à un petit Salomon van Ruysdael d’un ennui mortel (mais dont le nom propulsait les enchères à 125 180 euros, pour une estimation haute de 40 000 euros), cet artiste confidentiel, originaire de Dordrecht et longtemps actif à Rome dans le sillage de Salvator Rosa, n’aurait jamais été reconnu sans les signatures, accompagnées de la date : 1672. Deux merveilles, vanités de la mer et de la terre : estimation, 60 000 à 80 000 euros ; adjudication, 321 300 euros la paire.

TABLEAUX ANCIENS, 13/12

- Expert : Éric Turquin - Résultats : 5,33 millions d’euros - Lots vendus/invendus : 87/26 - Lots vendus : 77 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°250 du 5 janvier 2007, avec le titre suivant : Portraits privés cherchent public

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque