Hommage

Plongée dans l’Art déco

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 7 septembre 2010 - 503 mots

À Paris, trois jeunes galeries revisitent
les créateurs du XXe siècle.

PARIS - Trois jeunes galeries parisiennes rendent hommage à des figures de l’Art déco, parfois méconnues, parfois trop connues au point qu’on néglige de les regarder de près. C’est le cas de Jacques-Émile Ruhlmann, dont la galerie Mathivet propose d’ausculter à la loupe une vingtaine de sièges et luminaires pour en faire ressortir les détails. Détail de la terminaison des pieds arrière sur une simple chaise, modèle « Drouant ». Détail d’une ciselure sur une applique en corne d’abondance, où les cannelures se terminent par des petites rangées de perles… L’idée est de souligner une qualité d’exécution irréprochable, même pour des pièces qui sont loin d’être des chefs-d’œuvre. La surprise vient moins de ces effets de zoom que du parti pris de la couleur. On le sait moins, Ruhlmann dessinait lui-même ses tentures et ne boudait pas les couleurs franches. Ce grand classique a ainsi réalisé, en 1914, un étonnant fauteuil en laque vert pomme. 

Figures mythiques
La galerie Willy Huybrechts confronte, quant à elle, les deux stars que sont Eileen Gray et Pierre Legrain. Le dialogue ne va pourtant pas de soi, mais il est un point commun entre ces créateurs : leur extrême rareté. Willy Huybrechts n’a pu réunir que quatre objets d’Eileen Gray, principalement des luminaires. Legrain est, lui, encore plus rare. Décédé en 1929, ce merveilleux relieur a peu produit, si ce n’est pour des commandes exceptionnelles des collectionneurs Jacques Doucet ou Jeanne Tachard. Or, Huybrechts a réussi l’exploit de trouver une quinzaine de pièces, notamment un meuble recouvert de feuilles d’argent et un grand guéridon à double plateau en chêne relié par une boule en laque, provenant de la collection Tachard. Il a aussi obtenu, de la famille de Legrain, une lampe en acajou doté d’un globe en verre soufflé et sablé. « Je veux montrer que les jeunes marchands ne sont pas destinés à être désignés comme des sous-marchands », insiste l’antiquaire injustement évincé de la Biennale des antiquaires 2010. Tel est aussi le credo de la galerie Arcanes. Certes, elle ne s’attaque pas à une figure mythique, mais elle explore avec sérieux le travail de l’ensemblier Jacques Quinet, connu pour ses créations néoclassiques des années 1940-1950. Au lieu d’emmancher une production déjà bien balisée par ses confrères, Arcanes s’empare des décennies 1960-1970. À l’ère du design industriel et du plastique pop, Quinet ne démord pas de son classicisme, compensé par des formes plus épurées et l’usage de l’acier inoxydable.

RUHLMANN ET LE SENS DU DÉTAIL, du 9 sept. au 9 octobre, galerie Mathivet, 10, rue Bonaparte, 75006 Paris, tél. 01 43 54 19 00, tlj sauf dim. et lun. 11h-19h

EILEEN GRAY-PIERRE LEGRAIN, du 15 septembre au 15 octobre, galerie Willy Huybrechts, 11, rue Bonaparte, 75006 Paris, tél. 01 43 54 29 29, tlj sauf dim. et lun. 11h-19h

JACQUES QUINET, du 16 septembre au 30 octobre, galerie Arcanes, 11, rue de Lille, 75007 Paris, tél. 01 40 20 49 59, tlj sauf dimanche 14h30-19h

Légende photo

Eileen Gray, Lampe satellite - Photographe : Aleksandr88 - Domaine public

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°330 du 10 septembre 2010, avec le titre suivant : Plongée dans l’Art déco

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