Photographies historiques

Première vente de l’année

Le Journal des Arts

Le 1 février 1997 - 373 mots

Avec deux cents lots de photographies historiques, de 1843 à 1935, puisées pour certaines dans de \"vraies\" collections, et un produit attendu de 1,5 million de francs environ, la première vente de photographie de l’année, le 1er février chez Me Pes­cheteau-Badin-Godeau-Leroy, tient l’objectif.

PARIS - Y figurent trente daguerréotypes de 1843 à 1856, des pièces par définition uniques, dont les sujets, plaisants ou morbides, ne laissent pas indifférent, comme ce grand nu féminin de Belloc (30 000 à 40 000 F) ou ce triptyque post-mortem (10 000 à 15 000 F), tous deux de 1850. Il y a aussi une étonnante vue des toits de Paris prise en 1843 par le physicien Fizeau (15 000 à 20 000 F). La plaque est mordue à l’acide et encrée pour avoir servi au tirage de quelques estampes, dont l’une est aujourd’hui à la Biblio­thèque nationale.

Autre photographe amateur, le duc de Massa a réalisé en 1865 vingt-cinq images de son château de Franconville. Ce témoignage très représentatif du Second Empire est proposé dans un album chiffré (40 000 à 50 000 F). Documents remarquables aussi, ces quatre albums de cent quinze photographies de Durandelle, entre 1868 et 1872, retraçant la construction du Palais Garnier (100 000 à 120 000 francs, l’estimation la plus haute de la vente).

On trouvera en outre des scènes insolites qui, pour certaines, ont fait le tour du monde, telles ces trois prostituées prises par Atget en 1924 le long d’un mur lépreux, image sordide et rare dont un exemplaire est conser­vé au Musée d’art moderne de New York (20 000 à 30 000 F). À côté, quarante-sept images de séances de spiritisme de 1808-1809, assorties d’un commentaire édifiant : "Deux hypothèses seulement sont possibles, ou elles [les photographies] sont dues à une fraude, ou elles représentent un phénomène véritable." Cette lapalissade est signée d’un grand savant dont on taira le nom.

Selon l’expert Marc Pagneux, cette dispersion montre la vitalité de la place de Paris, où les prix sont identiques à ceux obtenus par les maisons anglo-saxonnes. Le marché des pièces historiques, ajoute-t-il, aurait même tendance à se déplacer de Londres vers Paris. Rien de tel, en revanche, pour la photographie contemporaine, qui reste la chasse gardée des Américains !

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°33 du 1 février 1997, avec le titre suivant : Photographies historiques

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