Galeries, foire

Photo : Saint David

LaChapelle et ses mannequins de cire intronisés à la galerie Templon

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 3 juillet 2013 - 489 mots

PARIS - Lorsqu’il y a un an Grégoire Maisonneuve demande à Daniel Templon si le travail de David LaChapelle dont il est l’agent peut l’intéresser, la réponse est positive.

« Nous ne nous étions jamais rendu compte qu’il n’avait pas de galerie en France. Mais surtout nous trouvions que ce choix correspondait à une vraie cohérence avec l’histoire de la galerie », explique Anne-Claudie Coric, directrice de la galerie Templon. « Daniel a présenté des photographes controversés et à la frontière entre différents mondes : Robert Mappletorphe, Helmut Newton. Ce sont des photographes qui jouent avec le sulfureux. La galerie présente aussi des photographes metteurs en scène comme Gregory Crewdson ou James Casebere. C’est le nouveau travail de David LaChapelle qui, cependant, nous vraiment décidé, précise-t-elle. Il oblige à une lecture différente de son œuvre et marque un tournant dans sa carrière puisque David LaChapelle met en sourdine ses activités commerciales pour développer une carrière d’artiste contemporain. »
À 50 ans, David LaChapelle réenvisage ainsi un parcours amorcé très jeune, à l’âge de 21 ans, quand la 303 Gallery à New York est la première en 1984 à l’exposer et que le magazine Interview, créé par Andy Warhol et Gerard Malanga, publie quelques-unes de ses photographies. Depuis, ses portraits chocs sans concession et ses mises en scène spectaculaires, subversives, outrancières, qui surfent régulièrement sur l’érotico-chic, les chefs-d’œuvre de la peinture ancienne et une palette de couleurs vives, ont séduit les marques et les vedettes américaines, les galeristes aussi.
Star des magazines de mode, portraitiste courtisé, David LaChapelle est aussi un réalisateur de campagnes publicitaires. En France, à part la rétrospective dont il fut l’objet en 2009 à l’Hôtel de la Monnaie de Paris, ses photographies n’ont jamais été exposées dans le cadre d’une exposition, ni individuelle ni collective. Elles ne font pas davantage partie de collections publiques, excepté à la Monnaie de Paris.
Son entrée à la Galerie Templon avec deux séries inédites, « Last Supper » et « Still Life », changera-t-elle le regard sur ce travail peu considéré jusque-là par les conservateurs et les historiens de la photographie ? À l’automne, l’exposition sur le nu masculin à Orsay comportera deux de ses œuvres. Pour l’heure à la galerie sont présentés les visages maltraités de célébrités du musée de cire de Dublin. Victimes d’actes de vandalisme, ils projettent crûment leur état, donnant à l’image le rôle du miroir hyperréaliste du double qu’ils étaient censés représentés. Figurent également les photographies des mannequins de cire bibliques épargnés par la violence de ceux qui s’étaient introduits dans le musée. Non sans créer là aussi un malaise. Quant au prix des photographies, situé entre 40 000 et 80 000 dollars selon le format, il est conforme à la cote de David LaChapelle.

Still Life, David LaChapelle

jusqu’au 27 juillet, Galerie Daniel Templon, 30, rue Beaubourg, 75003 Paris, tél. 01 42 72 14 10, www.danieltemplon.com , du mardi au samedi 10h-19h. Catalogue, 20 €.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°395 du 5 juillet 2013, avec le titre suivant : Photo : Saint David

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