Sotheby’s

Philipp Wurttemberg, un patron très européen

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 23 janvier 2004 - 697 mots

Le nouveau P.-D. G de Sotheby’s France entend développer la place parisienne en misant sur les relations franco-européennes.

 PARIS - Philipp Wurttemberg, successeur de Laure de Beauvau Craon à la tête de Sotheby’s France, a intégré ses fonctions de président-directeur général le 1er janvier 2004. Recommandé par l’ex-dirigeante de Sotheby’s France, en poste depuis 1991, ce jeune cadre dynamique de 39 ans, père de trois enfants, est depuis 1999 directeur général de Sotheby’s Allemagne, basé à Francfort. Après une double maîtrise en histoire et histoire de l’art à l’université Eberhard-Karls de Tübingen en 1993, puis un doctorat en histoire de l’art en 1997, il est nommé en 2000 membre du conseil de cette université, l’une des plus anciennes d’Allemagne. Sa carrière chez Sotheby’s débute à Londres en 1996, comme expert en mobilier européen. En Allemagne, il se distingue particulièrement  dans les quatre plus récentes houses sales – de la série des grandes ventes royales, dont le succès fut retentissant : « Princely Chattels » à Munich en 1999, « Ancestral Attics » à Ludwigsburg en 2000, et « Of Royal and Noble Descent » à Amsterdam en 2001 et 2002. Français par sa mère, Philipp Wurttemberg est bilingue français-allemand et maîtrise également l’anglais et l’espagnol, ce qui en fait un parfait Européen. « Aujourd’hui, dans un marché de l’art français devenu international, ce choix européen apporte une nouvelle dimension, observe Robin Woodhead, le dirigeant de Sotheby’s Europe et Asie. Travaillant en étroite relation avec Laure de Beauvau Craon, dont il faut rappeler le rôle déterminant dans l’ouverture du marché de l’art en France, et notre remarquable équipe parisienne, Philipp Wurttemberg sera un atout important qui renforcera Paris comme grand centre international de ventes aux enchères. » Un discours qui sonne un peu faux si l’on tient compte des faibles résultats de l’auctioneer sur le territoire français. La maison mène une politique interne d’exportations quasi systématiques des objets d’art vers les places de Londres et de New York, au mépris du développement de la capitale française, et ce, malgré l’énergie déployée par Laure de Beauvau Craon pour redonner à Paris sa gloire d’antan dans le domaine des ventes publiques. Sotheby’s étant une société cotée à la bourse de New York, elle reste à l’écoute de ses actionnaires américains. Qu’à cela ne tienne, Philipp Wurttemberg prend sa mission parisienne très à cœur. « Je voudrais d’abord prendre un peu de recul avant d’élaborer les stratégies à venir, mais il y aura sans doute quelques changements. J’ai constaté qu’en Allemagne, depuis l’ouverture du marché parisien, beaucoup de clients étaient tentés par l’idée de vendre à Paris », indique l’intéressé qui continue d’assumer ses fonctions outre-Rhin, où il se rend deux jours par semaine, principalement pour du business getting (prospection de clientèle).
La création d’un axe franco-allemand semble donc se profiler chez Sotheby’s France avec « la zone euro, un grand avantage ». De plus, « le marché du Benelux est très fort et garde des liens étroits avec la France ». Cette triangulaire européenne pourrait faire le contrepoids à l’imposant marché anglo-saxon.
Autre atout important pour Sotheby’s France : le marché russe. « C’est la nouvelle donne. Les Russes achètent beaucoup à Paris », constate Philipp Wurttemberg. Ils ont notamment emporté de nombreux lots dans la vente de la collection monégasque de Mme Piasecka-Johnson, épouse du fondateur de la firme américaine en produits pharmaceutiques Johnson & Johnson. Cette collection de mobilier et d’objets d’art d’époque Empire dans l’esprit d’un goût très américain pour les bronzes dorés, qui a rapporté 5,6 millions d’euros (avec 93 % de lots vendus) le 15 octobre 2003 à Paris – l’une des meilleures ventes de la saison 2003 pour Sotheby’s France –, aurait très bien pu s’envoler outre-Atlantique pour être dispersée à New York. Aussi Philipp Wurttemberg s’escrime-t-il, à peine installé dans son nouveau fauteuil de P.-D. G, à organiser l’exposition à la galerie Charpentier des neuf œufs de Pâques impériaux de Fabergé (estimés 70 millions de dollars [55,5 millions d’euros] au bas mot), joyaux de la célèbre collection Forbes qui sera dispersée les 20 et 21 avril à New York. Une opération menée malgré les problèmes de transport et le coût exorbitant des assurances...

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°185 du 23 janvier 2004, avec le titre suivant : Philipp Wurttemberg, un patron très européen

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