Paris

Perles symbolistes

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 5 octobre 2011 - 437 mots

Le galeriste Alexis Bordes sort de sa spécialité pour faire une incursion dans le symbolisme. Avec succès.

PARIS - Spirit of Fire, portrait de profil d’une jeune femme aux cheveux enflammés, est un véritable coup de cœur pour Alexis Bordes, tant et si bien qu’il l’a choisi comme porte-drapeau de sa nouvelle exposition autour du symbolisme. Réalisée en 1919 par l’artiste britannique, et confidentielle, Estella Canziani (1887-1964), cette petite tempera sur panneau fait partie de la vingtaine d’œuvres rassemblées par le galeriste parisien, que l’on savait plus spécialisé dans l’art ancien – il jure que cette exposition était en préparation bien avant qu’il n’apprenne la venue « Beauté, morale et volupté dans l’Angleterre d’Oscar Wilde », présentée jusqu’au 15 janvier 2012 au Musée d’Orsay, à Paris. Pour ce premier essai, le marchand n’a pas démérité en dénichant un beau fusain rehaussé de sanguine d’Edward Burne-Jones, un Portrait d’homme de trois-quarts dont on peut apprécier la qualité sculpturale, quoique tout en finesse du trait. Dans la même veine qualitative, De la défiance ou Lily (1893) de Fernand Khnopff, qui a été immédiatement happé par un collectionneur français. Présentant un pedigree sans faille, ce portrait de femme appartient à la série de bases photographiques rehaussées de crayons de couleurs et de pastel présentant l’effet vaporeux caractéristique de l’artiste.

Côté français, Armand Point domine la sélection avec La Sirène au serpent (1901), dans laquelle il représente la Danoise Helga Weeke, qui deviendra très vite son épouse. Le Nantais Edgard Maxence livre une Liseuse dans le parc d’un château (1906) au goût très britannique (ayant appartenu à un collectionneur anglais). À signaler, le petit Paysage nocturne, un rare monochrome bleu de Charles Guilloux qui lorgne du côté de Vallotton. Deux pastels sortent également du lot : une classique Jeune femme à la toilette d’Henri Gervex et un paisible paysage arcadien, Le Jugement de Pâris d’Émile-René Menard. Enfin, une ravissante Élégante au jardin jouant au croquet (1881) d’Émile Hoeterickx fait partie des quelques œuvres débordant du cadre annoncé du symbolisme. À spectre élargi correspond un développement de la clientèle pour le galeriste qui, dans la première semaine de l’exposition, n’a traité qu’avec de nouveaux acheteurs. À l’image de cette esquisse très raffinée au crayon noir sur papier ocre d’une religieuse par Pascal-Adolphe Dagnan-Bouveret (1852-1929), acquise par un collectionneur chinois – Dagnan-Bouveret est célèbre en Chine pour la très grande admiration que lui portait l’artiste Xu Beihong (1895-1953), directeur de l’École spéciale nationale des arts de Pékin dans les années 1930. Vu le succès obtenu (un cinquième des œuvres s’est vendu au cours de la première semaine), l’exposition a été prolongée d’une semaine.

FEMMES ET PASSIONS : AUX SOURCES DU SYMBOLISME

Jusqu’au 28 octobre, galerie Alexis Bordes, 19, rue Drouot, 75009 Paris, tél. 01 47 70 43 30, www.alexis-bordes.com, tlj sauf dimanche 10h-13h et 14h-19h, samedi sur rendez-vous.
Catalogue, édité par la galerie, 24 p., 10 euros, ISBN 978-2-9527-6583-1

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°354 du 7 octobre 2011, avec le titre suivant : Perles symbolistes

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