Ventes aux enchères

Peinture ancienne : un marché soutenu

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 12 décembre 2018 - 534 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

Malgré des déconvenues, les ventes londoniennes de « old masters » sont conformes aux attentes avec un produit total d’adjudication de 81 millions d’euros.

Londres. Un bond de 50 %. Telle est la performance réalisée par les ventes du soir de peinture ancienne de Christie’s et Sotheby’s, les 5 et 6 décembre. En tout, les deux maisons ont engrangé 72,4 millions de livres sterling (81,2 M€), contre 46,7 millions l’an passé.

Sotheby’s donnait le coup d’envoi le 5 décembre. En récoltant 30,2 millions de livres frais compris (33,9 M€), soit 25,3 millions au marteau, la vente reste dans la fourchette de son estimation (21,1 à 29,9 M£). Sur les 42 lots proposés, six n’ont pas trouvé preneur, soit un taux de vente de 86 %, le plus haut jamais réalisé à Londres et New York. Toutes les pièces phares ont été cédées, à l’instar d’une Étude de tête d’un jeune homme [voir ill.], vers 1650, par Rembrandt, issue d’une petite série que le maître hollandais a peint du même jeune homme. Estimée 6 à 8 millions de livres, l’œuvre de seulement 25 sur 20 cm a été adjugée 8,2 millions au marteau. Le tableau, absent du marché depuis soixante ans, n’était cependant pas inconnu du public puisqu’il a fait partie de l’exposition organisée au Louvre en 2011 « Rembrandt et la figure de Jésus ». Autre succès, une Vue panoramique de Haarlem, par Jacob van Ruisdael, a été vendue 2,6 millions de livres, « un record pour l’artiste mais en livres sterling uniquement », d’après la maison de ventes.

Une collection sans succès

Le lendemain soir, Christie’s dispersait une collection – en plus de sa vente traditionnelle – celle d’Éric Albada Jelgersma, homme d’affaires néerlandais. En cumulant ces deux ventes, Christie’s a récolté 42,2 millions de livres [47,1 M€] (contre 21,7 en 2017), soit 35,5 millions de livres au marteau, un montant en dessous de son estimation basse. C’est la vente de la collection Albada Jelgersma qui a gâté la fête : 13 lots n’ont pas trouvé preneur sur les 39 proposés, ce qui ne fut pas sans impact sur le produit d’adjudications : 21,4 millions de livres (23,9 M€) pour une estimation comprise entre 23,5 et 36 millions de livres. « Les tableaux de cette collection étaient trop connus. Acquis au prix fort chez de grands marchands il y a peu, il a été dur de les revendre, analyse Nicolas Joly, expert en tableaux anciens. Beaucoup ont été vendus au prix de réserve et même, dans certains cas, le prix de réserve a été baissé. » Le marchand parisien Bob Haboldt a sauvé la vente en achetant la paire de portraits d’un homme et d’une femme par Frans Hals, pour 10 millions de livres, un record pour l’artiste. La deuxième partie de la vente s’est mieux déroulée et a atteint 20,8 millions de livres, un montant dans la fourchette de l’estimation, avec un prix notable pour Le Proverbe hollandais, par Brueghel le Jeune, cédé 6,3 millions de livres.

Ces ventes, « qui reflètent un marché soutenu », estime Nicolas Joly, comportaient essentiellement des œuvres des écoles du Nord (il y avait très peu de peintures italiennes et françaises), des écoles un peu à la peine ces derniers temps mais qui, visiblement, ont repris des couleurs.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°513 du 14 décembre 2018, avec le titre suivant : Peinture ancienne : un marché soutenu

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