Foires

Paris sort de son ghetto

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 26 mai 2006 - 742 mots

La FIAC attire de nouvelles pointures étrangères pendant que Paris Photo confirme son pli international.

 PARIS - Mutatis mutandis. Les déménagements jouent parfois un rôle radical sur le devenir des salons. La délocalisation au Grand Palais, à Paris, d’une partie de la Foire internationale d’art contemporain (FIAC) (26-30 octobre) a su appâter quelques pointures internationales, et non des moindres. Bien que la foire taise pour l’heure sa liste d’exposants, réduite de près de 30 % par rapport à 2005, quelques éléphants du marché figurent, de bonne source, parmi les nouvelles recrues.
La prochaine édition devrait compter avec l’arrivée de la galerie Leonard Hutton (New York), qui avait participé à la FIAC dans les années 1990, et avec le retour de Gmurzynska (Zurich). Celle-ci avait déjà renoué avec notre capitale en mars avec Art Paris. « Le Grand Palais a un attrait magique, international, nous a confié Mathias Rastorfer, codirecteur de la galerie Gmurzynska. C’est un bon lieu de rendez-vous, de sociabilité. Il ne faut pas chercher à construire une foire internationale rivalisant avec Art Basel ou avec Art Basel Miami Beach, mais une bonne foire européenne. La FIAC peut le faire, alors qu’Art Cologne s’affaiblit. » Art Cologne a d’ailleurs annoncé un changement de calendrier. Tout en fêtant ses quarante ans du 1er au 5 novembre, le salon basculera ses dates au printemps l’an prochain (18-22 avril 2007). Ce futur retrait de la case automnale offrira une légère respiration à la foire parisienne dans son bras de fer avec la londonienne Frieze Art Fair.
Alors qu’il déclarait voilà trois ans que la FIAC n’était pas un must, Leslie Waddington (Londres) révise son jugement pour revenir sous la verrière du Grand Palais. De leur côté Jablonka (Cologne), Massimo De Carlo (Milan) et Michael Werner (Cologne) devraient renforcer le pôle contemporain. Eva Presenhuber (Zurich) et Hauser & Wirth (Zurich, Londres), dont la participation au terme de la dernière édition de la FIAC était encore sujette à réflexion, auraient aussi choisi de poursuivre leur test du marché français.

Enseigne pékinoise
Certains nouveaux venus comme Robert Landau (Montréal) jouent même le pari du doublon avec la Biennale des antiquaires, inaugurée un mois plus tôt. « Nous avons lancé depuis septembre dernier une galerie d’art contemporain. Nous avions même montré en mars sur Tefaf quatre artistes vivants. Je ne peux les présenter à la Biennale, mais je vais le faire à la FIAC, explique Robert Landau. Certains artistes de mon stock, comme Karel Appel ou Lynn Chadwick, se prêtent plus au contexte de la FIAC, et d’autres, tels Alberto Giacometti ou Henri Laurens, à la Biennale. »
Si la FIAC tarde encore à livrer sa liste définitive d’exposants, Paris Photo (16-19 novembre) a déjà dégainé son programme. Pour l’heure, ce salon, qui fêtera ses dix ans, ne compte pas s’installer au Grand Palais. Il serait pourtant plus facile d’y présenter des grands formats encore à l’étroit dans les sous-sols du Carrousel du Louvre. « La lumière est trop forte au Grand Palais, ce qui pose un problème pour les photos et nécessiterait un grand vélum, indique la commissaire de la foire, Valérie Fougeirol. On ne veut pas non plus dissoudre l’identité de Paris Photo dans un lieu où se tiendraient beaucoup d’autres salons. » Paris Photo n’a pas attendu l’ouverture du Grand Palais pour afficher une coloration internationale, avec cette année 73 % de participation étrangère. Le nouveau cru marque l’arrivée de Charles Isaac Photographs (New York) et de Robert Hershkowitz (Near Lindfield, Sussex, Grande-Bretagne) et le retour d’Eric Franck (Londres) dans le secteur moderne. La section contemporaine prend du poil de la bête avec de nouveaux impétrants comme Robert Miller (New York), m Bochum (Bochum, Allemagne) et les parisiens gb agency, Anne de Villepoix et Alain Le Gaillard. De quoi tordre l’idée selon laquelle la photo contemporaine n’aurait pas ses entrées à Paris Photo ! Mondialisation oblige, une enseigne pékinoise, 798 Photo Gallery, fait son baptême du feu au salon. Le nombre des éditeurs s’avère en sensible progression avec dix-huit participants contre seize l’an dernier. Les huit « Statements » dédiés aux pays nordiques promettent enfin un plaisir glacé avec la présence, notamment, de la très bonne galerie Anhava (Helsinki, Finlande). Le programme connaît toutefois un couac, avec l’éviction par le comité de sélection de la Galerie Françoise Paviot (Paris), pourtant pilier du salon. Cette décision surprenante résulterait des propos peu amènes qu’avait tenus Alain Paviot sur la manifestation dans Images Magazine et dans la E-photo Newsletter.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°238 du 26 mai 2006, avec le titre suivant : Paris sort de son ghetto

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