Paris : l’art contemporain déménage

Une demi-douzaine de galeries dans le 13e arrondissement

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 1 février 1997 - 425 mots

Six galeries défendant la jeune création vont s’installer dans le treizième arrondissement de Paris. Le pari est osé. Il semble pourtant vital aujourd’hui pour ces galeries de changer d’économie.

PARIS. Le 1er avril, les galeries Air de Paris, Emmanuel Perrotin, ARPS, Art:Concept, Praz/Delaval­lade et Jennifer Flay ouvriront leurs nouveaux espaces du 16 au 20 rue Louise-Weiss, au rez-de-chaussée d’un immeuble appartenant au ministère de l’Économie et des Finances. Bruno Delavallade cherche en effet depuis quelque temps un quartier moins onéreux que le Marais, tout comme Jennifer Flay, soucieuse "d’assurer l’avenir de (sa) galerie". La mairie du 13e les a orientés vers les locaux commerciaux de la rue Louise-Weiss, restés désespérément vides depuis leur construction il y a cinq ans, ce qui leur a permis de bénéficier de conditions avantageuses. Certes, l’aménagement reste à faire mais, en contrepartie, la Semapa, gestionnaire de l’immeuble, leur a consenti la gratuité du loyer pendant un an. La location s’élèvera ensuite à 5 000 francs par mois pour 100 m2 (140 m2 pour Jennifer Flay), quatre fois moins cher que dans le Marais.

Une nouvelle façon de travailler
Cette installation laisse également augurer une nouvelle façon de travailler. Les six galeries vont mettre en synergie leurs actions, développer les envois communs, investir ensemble dans du matériel et mettre en réseau leurs ordinateurs. Elles entendent également organiser des événements, pas nécessairement liés aux arts plastiques, pour attirer du monde.
S’installer dans le treizième arrondissement constitue en effet un pari pour ces galeries du quartier Marais-Bastille, devenu depuis une vingtaine d’années le centre du marché de l’art contemporain parisien. Emmanuel Perrotin dénonce d’ailleurs son évolution vers "le gadget, le piège à touristes, où tout coûte très cher". La délocalisation dans le treizième ne fait pas peur à Jennifer Flay, qui reste confiante : "Historiquement, les galeries ont déménagé plusieurs fois dans Paris et le public s’est toujours déplacé. Tout dépend de leur qualité, donc de nous". Seul galeriste à venir de province, Olivier Antoine, directeur de Art:Concept à Nice, ne franchit pas le pas sans état d’âme. "Ce déménagement constitue pour moi une défaite, déplore-t-il. C’est la preuve qu’en région, on se heurte à un centralisme surpuissant tandis qu’au niveau local, on est confronté à une incompréhension totale".

Premières expositions avec vernissage commun le 1er avril : Carsten Höller ou Philippe Parreno (Air de Paris) ; Takashi Murakami (Emmanuel Perrotin) ; "Fenêtre sur cour" – Alpern, Bournigault, Calle, Doberauer, Huynh, Hybert, Kahrs, Post, Rondinone, Samore, Sarcevic, Stidworthy – (ARPS) ; Max Mohr (Art:Concept) ; Jim Shaw (Praz/ Delavallade) ; Group Show (Jennifer Flay).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°33 du 1 février 1997, avec le titre suivant : Paris : l’art contemporain déménage

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