Paris joue la carte de l’art asiatique

Sept semaines pour convaincre les collectionneurs et redynamiser le marché français

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 25 septembre 1998 - 803 mots

Neuf marchands, des conservateurs de musées, des commissaires-priseurs et experts parisiens ont décidé d’unir leurs forces afin que la capitale retrouve une place de choix sur un marché qui a en grande partie quitté les bords de la Seine au profit de Londres, New York et Hong Kong. “L’Automne asiatique à Paris�? regroupera, du 21 septembre au 14 novembre, plusieurs expositions et ventes aux enchères spécialisées.

PARIS - Le projet de créer à Paris une manifestation sur le thème de l’art asiatique avait été lancé, en 1991-1992, par Jean-François Jarrige, directeur du Musée Guimet, et Jean-Paul Desroches, conservateur en chef, en étroite relation avec les antiquaires Christian Deydier, Jacques Barrère et Mike Winter-Rousset, de la Compagnie de la Chine et des Indes. Il a été repris cet automne, à l’occasion des deux grandes expositions organisées par l’Afaa et le Musée de Taipei en collaboration avec le Musée Guimet (“Mémoire d’Empire, trésors national du Palais, Taipei”) et le Musée Cernuschi (“Rites et festins de la Chine antique”). “Les hasards de cette programmation nous ont incité à concrétiser ce projet en organisant, parallèlement aux musées, des expositions individuelles dans des galeries, indique Christian Deydier. Nous voulons montrer qu’il existe de bons antiquaires, en dehors de Londres et de New York, capables d’exposer des objets de qualité exceptionnelle”. Neuf marchands parisiens ont accepté de jouer le jeu, dont Jacques Barrère, la Compagnie de la Chine et des Indes, la galerie C.T. Loo & Cie, et Lefebvre et fils, en montant chacun une exposition, entre le 21 septembre et le 14 novembre. De leur côté, les commissaires-priseurs Jacques Tajan, assisté de Thierry Portier, et Pierre Cornette de Saint-Cyr, conseillé par Jean-Luc Estournel, ont chacun programmé une vacation pendant la même période.

Du 19 au 23 octobre, Christie’s exposera dans ses locaux parisiens, rue Paul-Baudry, une sélection de pièces qui seront mises en vente à New York le 27 octobre (peintures japonaises), à Amsterdam le 3 novembre (art du Sud-Est asiatique, art khmer), et à Londres les 16 et 17 novembre (art japonais et art chinois). “L’Automne asiatique permettra d’éveiller l’intérêt du public à l’égard de cette spécialité et de former l’œil des collectionneurs et amateurs français”, souligne Philippe Delalande, spécialiste de l’art asiatique chez Christie’s à Paris.

Statuettes du royaume de Chu
“Nous avons voulu créer à Paris des manifestations équivalentes à celles qui existent déjà à Londres et New York, déclare Jacques Barrère. Face aux grosses machines que sont Sotheby’s et Christie’s, il nous faut mettre en avant nos atouts : la qualité des pièces proposées et la proximité avec la clientèle”. Pour Mike Winter-Rousset, une telle manifestation permettra de réveiller le marché parisien et de montrer qu’il y a des marchands sérieux dans la capitale.

Le point de départ des festivités coïncide approximativement avec l’inauguration le 23 septembre, au Musée Cernuschi, de l’exposition “Rites et festins de la Chine antique, bronzes du Musée de Shanghai”. Pour sa galerie, Christian Deydier a sélectionné une soixantaine d’œuvres couvrant la période du néolithique chinois – à l’image de ces jades datant de 3 500 ans av. J.-C. – à la dynastie Liao, représentée notamment par des pièces d’orfèvrerie du XIe siècle. Le thème retenu, “L’art et la matière”, lui offre l’occasion de présenter des pièces en jade, verre, laque, bronze, terre cuite, céramique, bois et orfèvrerie.

Pour sa part, Jacques Barrère s’est intéressé aux objets d’art chinois en bronze. Il a réuni un ensemble de pièces dont certaines remontent au IVe siècle av. J.-C., telles ces statuettes du royaume de Chu (IVe-IIIe siècles av. J.-C.). À leurs côtés, un cheval Han du Sichuan, ainsi qu’une paire d’armoires monumentales en zitan, un bois contingenté en Chine et réservé à l’empereur, décorées en relief de dragons à cinq griffes.

La Compagnie de la Chine et des Indes a choisi d’exposer les arts de l’Asie chers à la galerie, comme cette paire de fauteuils en Huang Hua Li, époque Ming, XVIIe siècle, en forme de fer à cheval. “Nous présentons aussi des arts du Tibet, du Népal, des peintures, porcelaines, céramiques, laques et jades chinois, des sculptures du Sud-Est asiatique pour que nos clients aient un aperçu de notre activité”, explique Hervé du Peuty.

La galerie C.T. Loo & Cie présente une sélection de peintures et d’objets d’art chinois, coréens et japonais, parmi lesquels des laques d’Ogawa Haritsu (1663-1747) et Hara Yokusai (1768-1845).
Des porcelaines japonaises Imari et Satsuma sont exposées chez Robert Stephan, tandis qu’Agnès Deydier et Lefebvre et fils présentent une sélection de porcelaines chinoises des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Enfin, Bertrand de Lavergne propose des tabatières de la période des Qing (1644-1912), et Myrna Myers des peintures sur soie.

L’AUTOMNE ASIATIQUE À PARIS

21 septembre-14 novembre, lire nos informations pratiques p. 24 (dates des expositions et ventes, horaires d’ouverture des galeries), dans la section Vernissage consacrée à l’art asiatique.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°67 du 25 septembre 1998, avec le titre suivant : Paris joue la carte de l’art asiatique

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