Dessin

Paris et ses petits papiers

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 14 avril 2006 - 745 mots

À défaut de se renouveler, le marché du dessin doit évoluer vers le XXe siècle.

 PARIS - La Semaine du dessin a vécu du 21 au 25 mars au rythme d’une vacation par jour consacrée au support papier. Seules trois ventes complètes ont marqué une saison relativement fade. La SVV Tajan, toujours active en matière de dessins anciens, avait cette année reporté sa vente au mois de mai. Christie’s et Piasa ont enregistré des performances équivalentes avec quelques pièces remarquables qui ont fait monter les enchères. Chez Piasa, la plus haute enchère revient à une Tête de femme penchée vers la droite d’Antoine Watteau, de l’ancienne collection Groult, datée vers 1716 et vendue 160 000 euros, le double de son estimation haute. Elle l’emporte sur le Saint Christophe portant l’enfant Jésus de la couverture du catalogue, réalisé à la sanguine par Guerchin. Cette étude originale inédite d’une composition connue au travers d’une contre-épreuve, dont il existe un exemplaire au château de Windsor, a été adjugée 78 200 euros. Trois pièces ont créé la surprise : Étude de prophète dans un écoinçon, une sanguine attribuée à Girolamo Muziano partie à 72 200 euros, le quintuple de son estimation ; un croquis noir sur vélin représentant le Portrait de Jan De Paep, concierge à la Bourse d’Amsterdam, de Cornelis Visscher, emportée à 118 000 euros, un record mondial, sur une estimation basse de 12 000 euros, et un dessin du baron Gros figurant au recto Napoléon à Eylau et au verso un Croquis topographique, estimé 25 000 euros et adjugé 81 830 euros, autre record mondial.
Chez Christie’s, la vedette revient au dessin de couverture du catalogue, une vue du Panthéon à Rome à la craie rouge par Hubert Robert qui a atteint 120 000 euros, le quadruple de son estimation haute. « Les acheteurs ont montré un intérêt particulier pour les vues et les paysages, a relevé Benjamin Peronnet, le nouveau directeur du département des dessins anciens de Christie’s France. Quelques feuilles se sont envolées, telle une Vue de la baie de Menton par Henri Joseph Harpignies qui a multiplié par dix son estimation avec une enchère de 16 800 euros. Les vedute italiennes ont remporté un franc succès, comme les deux gouaches inspirées de deux tableaux de Canaletto, par Joseph Baudin, qui se sont vendues 72 000 euros. Deux dessins de l’architecte Léonard Fontaine, provenant de ses descendants, ont séduit : un Panorama de Rome, daté de 1787, a réalisé un record pour une œuvre de l’artiste aux enchères avec 114 000 euros. Les feuilles de qualité des “petits maîtres” du XVIIIe siècle sont de plus en plus recherchées tel le Projet pour la Chinea de 1744 de Louis Joseph Le Lorrain, préempté par le Musée du Louvre pour 40 800 euros ».
Mais avec un prix moyen de 4 300 euros le dessin, aussi bien chez Christie’s que chez Piasa, les plus belles feuilles ne se vendent pas à Paris. En comparaison, à l’issue des ventes de dessins anciens à New York en janvier, Christie’s avait comptabilisé une moyenne de 10 800 euros par lot (alors que la vente n’avait pas décollé). Ce chiffre passe à 21 600 euros chez Sotheby’s. Si les pépites sur papier se font de plus en plus rares sur ce marché, pourquoi, dès lors, ne pas laisser plus de place au dessin moderne et du XXe siècle, lequel a fait une percée remarquée au Salon du dessin ? Le poids du droit de suite freine certainement cet élan. L’initiative d’une vente de dessins modernes organisée pendant le Salon du dessin est pourtant reconduite depuis deux ans par l’expert Michel Maket et la SVV Rossini. Mais vec 214 lots adjugés pour 160 135 euros, les prix internationaux de l’art moderne sont encore loin. Une aquarelle gouachée Honfleur, 24 août 1865 de Jongkind, provenant de la galerie Durand-Ruel, estimée 5 000 euros et acquise 44 520 euros, ainsi qu’un pastel illustrant également Honfleur par Eugène Boudin emporté pour 16 850 euros, ont fait les meilleurs prix. Et nombreux ont été les acheteurs à se faire plaisir avec une dépense moyenne de 750 euros.

SVV Piasa - Experts : Bruno et Patrick de Bayser - Résultat : 1,1 million d’euros - Lots vendus : 68 % Christie’s - Expert : Benjamin Peronnet - Résultat : 1,6 million d’euros - Lots vendus : 68 % SVV Rossini - Experts : Michel Maket - Résultat : 160 135 euros - Lots vendus : 67 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°235 du 14 avril 2006, avec le titre suivant : Paris et ses petits papiers

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