Floride

Palm Beach ! dans la course à la séduction

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 21 janvier 2005 - 721 mots

Un mois avant Tefaf Maastricht, Palm Beach ! joue la carte de la qualité du 5 au 13 février. Des poids lourds du marché font leur entrée, même si les Parisiens Perrin et Segoura ont finalement renoncé.

 PALM BEACH - Les déménagements impriment souvent un tournant dans l’histoire des salons. Comme la Foire des antiquaires de Belgique (lire p. 24), qui a gagné à s’installer dans le site Tour & Taxis, celle des antiquaires de Palm Beach s’est bonifiée en rejoignant l’an dernier le Centre des congrès de la ville. Cette année, les changements instruits par Lorenzo Rudolf, vice-président de l’International Fine Art Expositions (IFAE), seront notamment sémantiques. « Palm Beach Classic », appellation à peine vieille d’un an, se contracte en « Palm Beach ! ». Le point d’exclamation prête à sourire tant cette ville de villégiature, où se concentrent 25 % des grandes fortunes américaines, bat plus au rythme des pacemakers que des fiestas débridées de sa voisine Miami. Ponctuation mise à part, on relève un net sursaut qualitatif avec le renouvellement de 40 % des exposants. Près de la moitié des participants sont européens, certains transfuges de l’ex-« Palm Beach Contemporary » (rebaptisée « Palm Beach 3 »). L’enjeu pour ces marchands, vétérans pour la plupart de la Foire de Maastricht, est clair : séduire les Américains repliés sur leur territoire depuis le 11-Septembre et la chute du billet vert.
Après le poids lourd des tableaux anciens, Konrad Bernheimer (Munich), c’est au tour du ponte de l’art moderne, le Genevois Jan Krugier, de faire son entrée, en binôme avec son confrère new-yorkais Richard Feigen. Le duo prévoit une Salle à manger au château de Clayes de Vuillard pour 1,4 million de dollars (env. 1 million d’euros) et une œuvre précoce de Mondrian pour 950 000 dollars. Habitué depuis trois ans de la version contemporaine de Palm Beach, Barry Friedman (New York) adhère aussi à son volet classique. Pour sa première, il ménage ses effets avec des sièges de Rietveld, Mackintosh et Gaudí, sans compter sa marotte actuelle, Ingrid Donat. Le XXe siècle se fortifie avec l’arrivée de la galerie Downtown (Paris). « Il faut aller au-devant des Américains, qui sont les principaux intéressés par Charlotte Perriand ou Jean Prouvé, insiste son directeur, François Laffanour. Je n’y vais pas pour faire un coup commercial mais pour faire connaître ma galerie. Cela fait partie des risques à prendre. » Bien que la clientèle de Palm Beach semble plus friande de postimpressionnistes que de maîtres anciens, on remarque l’arrivée de Fabrizio Moretti, spécialiste florentin des fonds d’or. « C’est un test. J’espère qu’il y aura des clients d’Amérique du Sud », confie ce dernier, qui apporte notamment un tondo du Maître de Memphis (1 million d’euros).

Foire jugée « décorative »
Les antiquaires Perrin et Segoura, dont les organisateurs avaient annoncé la présence en septembre, se sont en revanche désistés. « Au début, on voulait bouger plus avec Palm Beach, mais les coûts du transport nous ont freinés. Les grands meubles en marqueterie sont peut-être aussi plus adaptés à New York », note Marc Segoura (Paris). Certains jugent encore la foire trop « décorative » pour les amateurs pointus, piliers des allées de Maastricht. « C’est un jugement rapide. Quand on décore à ce niveau, on est collectionneur ! », s’insurge le marchand d’archéologie Gordian Weber (Cologne).
La gageure pour les professionnels européens consistera surtout à s’adapter à la disparité euro-dollar. « Vendre en dollars ce qu’on a acheté en euros sera difficile. On va toutefois garder la même politique de prix à l’international », observe l’antiquaire parisien Benjamin Steinitz. Gordian Weber prévoit des rabais de 10 à 15 % pour rester compétitif. « Il faut savoir s’adapter, ne pas craindre de faire un petit effort particulier pour les artistes contemporains moins internationaux, souligne le galeriste Pierre Dumonteil (Paris). Il faut aussi se dire que, inversement, les frais de la foire nous reviennent moins cher, ce qui permet cet effort. » Une souplesse nécessaire car les Américains n’ont représenté que 15 à 25 % de la clientèle des marchands français en 2004, contre 60 à 80 % dans les années de vaches grasses.

PALM BEACH !

Du 5 au 13 février, Centre de Congrès de Palm Beach, 650 Okeechobee Boulevard, West Palm Beach, tél. 1 561 209 13 38, www.ifae.com, tous les jours 12h-19h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°207 du 21 janvier 2005, avec le titre suivant : Palm Beach ! dans la course à la séduction

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