Galerie

ART MODERNE

Pablo Picasso, sculpteur

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 17 novembre 2022 - 546 mots

PARIS

La galerie de l’Institut réunit dans ses deux espaces parisiens plus de soixante-dix sculptures du maître espagnol.

Paris. Après avoir exploré ses portraits (2014) ou ses monotypes (2013), la galerie de l’Institut met de nouveau à l’honneur Pablo Picasso (1881-1973), à travers son œuvre sculpté. Cette riche et inédite présentation s’articule autour de deux sujets récurrents dans la carrière du maître, la figure (présentée rue des Beaux-Arts) et les animaux (dans l’espace rue de Seine). Ce choix permet d’embrasser la diversité des thèmes, des techniques et des époques dont sont issues ses sculptures. Le tout est complété par trente-cinq dessins et tableaux, cartons et papiers découpés. « Il s’agit d’une exposition muséale, composée essentiellement de prêts exceptionnels. Jamais autant de sculptures n’ont été rassemblées et montrées dans l’enceinte d’une galerie », précise Marc Lebouc, directeur de la galerie, « moins de cinq sculptures sont à vendre, pour un prix compris entre 85 000 et 1 million d’euros ». L’œuvre sculpté de Picasso compte plus de six cent cinquante pièces réalisées entre 1902 et 1962 – la galerie en exposant un peu plus de 10 %. S’il n’a pas sculpté toute sa vie, il a connu des périodes d’intense pratique, souvent liées à ses lieux de création et à l’espace dont il disposait.

« Nous avons voulu montrer que la sculpture, chez lui, n’est que la réalisation de ses œuvres en deux dimensions. Tout est lié. Il y a un échange permanent entre sa peinture et ses sculptures. Réellement, j’ai beaucoup d’émotion à voir cet ensemble réuni », confie Marc Lebouc. Outre les bronzes Tête de femme (Fernande), 1909 – première sculpture cubiste – et Tête de femme (Dora Maar), 1941, l’un des clous de la présentation est Tête de femme et Tête d’homme barbu (1961, voir ill.), représentant Jacqueline et Picasso, sur de la tôle découpée, pliée et peinte, prêté par une collection particulière et non montré au public depuis son exposition au Musée Picasso de Barcelone en 1987.

L’artiste andalou a eu recours à quantité de matériaux différents pour ses sculptures : terre, céramique, tôle, plâtre, bois, bronze, etc., tout comme il a détourné des objets, à l’instar de La Guenon et son petit, 1951. Ici, deux petites voitures d’enfants – offertes par Daniel-Henry Kahnweiler à Claude, le fils de Pablo – constituent la tête, quand une jarre en forme le corps et deux anses de tasses les oreilles. Cette sculpture est exposée dans la partie « Bestiaire », rue de Seine, parmi les centaures, chouettes, hiboux, taureaux, chats, oiseaux, coqs et chèvres – sujets chers à Picasso. « Il faisait des sculptures avec tout ce qu’il avait sous la main et pouvait créer, modeler en quelques gestes seulement », explique le galeriste. Cet aspect est largement abordé dans l’exposition grâce aux nombreux modelages présents laissant apparaître les traces du maître, telle l’empreinte de son pouce dans Femme debout, un plâtre de 1945.

« Le marché des sculptures de Picasso est assez peu actif, explique Marc Lebouc. D’ailleurs, il les conservait pour lui-même ; sans compter que, globalement, la sculpture est un marché de niche – le collectionneur étant rare. » Pourtant, en mai dernier, chez Christie’s New York, la Tête de femme (Fernande) s’est envolée à 46,6 millions d’euros, tandis qu’en 2013, toujours à New York mais chez Sotheby’s, une tôle peinte, Sylvette (1954) était adjugée 10,4 millions d’euros.

Picasso sculptures 1902-1962,
jusqu’au 17 décembre, Galerie de l’Institut, 12, rue de Seine et 3 bis, rue des Beaux-Arts, 75006 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°598 du 4 novembre 2022, avec le titre suivant : Pablo Picasso, sculpteur

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