Galerie

Oscar Graf invente l’exposition-vente collective

Par Marie Potard · lejournaldesarts.fr

Le 24 décembre 2019 - 523 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

L’antiquaire a invité vingt marchands internationaux, français et anglais à exposer dans sa nouvelle galerie londonienne.

Clodion, Sacrifice à la douleur, vers 1780, relief en terracotta, 21 x 27 cm. © Christophe de Quénetain & Marella Rossi.
Clodion, Sacrifice à la douleur, vers 1780, relief en terracotta, 21 x 27 cm.
© Christophe de Quénetain & Marella Rossi.

Pour l’inauguration de son nouvel espace à Londres, Oscar Graf - basé à Paris et spécialisé en mobilier et arts décoratifs de 1870 à 1914, a eu une idée originale. Il a convié vingt marchands de renom – tous ou presque exposants à Tefaf de Maastricht –, toutes spécialités confondues, à venir exposer dans ses nouveaux locaux. 

La manifestation qui a débuté pendant la London Art Week et les dernières grandes ventes de l’année, se poursuit jusqu’au 10 janvier, avec chaque semaine un dîner organisé dans la galerie, auquel les marchands invitent leurs clients. L’époque où les marchands rechignaient à « partager » leurs clients semble révolue. 

« En décembre, que ce soit à Londres ou à Paris, il faut faire quelque chose, alors j’ai eu l’idée de cet événement intimiste : réunir quelques-uns des meilleurs marchands du moment, chacun dans sa spécialité. Ainsi, quand un exposant amène son client, ce dernier regarde aussi les objets exposés dans les autres disciplines et peut-être aura-t-il un coup de cœur ? », lance le marchand qui montre une louche en argent de Charles Robert Ashbee (1900) qu’il destine à un musée. Il poursuit : « Tous les marchands à qui j’ai proposé cette idée l’ont acceptée. » Il est vrai qu’Oscar Graf supporte à lui seul le coût financier de l’opération, hormis le transport des pièces depuis Paris.

Pour l’occasion, chaque marchand convié a apporté une œuvre, pour des prix allant de 30 000 à plus d’un million d’euros : un Christ aux limbes, par un suiveur issu du premier cercle de Hyeronimus Bosch (De Jonckheere, Genève) ; L’Amour dictant une lettre, un dessin de Jean-Baptiste Greuze, vers 1765 (Didier Aaron, Paris, New York et Londres) ; une statue Fang du Gabon, XIXe (Lucas Ratton, Paris) ; Sacrifice à pan, un relief en terre cuite de Clodion, vers 1780 (Marella Rossi & Christophe de Quénetain, Paris) ; une tête de Bouddha du XVe, Thaïlande (Antoine Barrère, Paris), une tête féminine dite « Myriam » en albâtre, Yémen, Ier siècle (David Ghezelash, Paris) ; une chaise Antony, par Jean Prouvé, vers 1954 (François Laffanour, Paris) ; une Oie de Rembrandt Bugatti en bronze, vers 1911 (Xavier Eeckhout, Paris) ou encore un casque de samouraï, Japon, époque Edo (Jean-Christophe Charbonnier, Paris). 

Participent également à l’opération, les Londoniens Sam Fogg (haute époque), Amir Mohtashemi (art islamique) et Rupert Maas (peinture ancienne), ainsi que les galeries parisiennes L’Arc en Seine, Sylvie Lhermite-King, Mermoz, Anthony Meyer et Camille Sourget. 

Le marchand français installé à Londres, Benjamin Proust, est venu avec Hercule et son fils Téléphus, un bronze attribué à Hubert Le Sueur, qui aurait appartenu à la collection du Grand Dauphin de France (1,2 million d’euros) : « Si Tefaf Maastricht reste incontournable, le principe de la foire est obsolète. Il y en a trop, les collectionneurs sont submergés et recherchent maintenant de nouvelles expériences. Ici, ils sont invités et se sentent honorés. Mon bronze est à côté d’une chaise apportée par François Laffanour. Il va amener un client qui peut-être va tomber amoureux de ma pièce ! »

Si l’opération fonctionne, Oscar Graf pourrait bien retenter l’expérience, « mais peut-être avec quelques nouveaux marchands et des ajustements ».

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