Ombre sur le tableau moderne

Une bonne provenance est essentielle

Le Journal des Arts

Le 1 septembre 1996 - 395 mots

Secteur sinistré entre tous, en raison de la morosité économique ambiante et de la TVA à l’importation qui rend Paris peu compétitif par rapport aux marchés de Londres et New York, le tableau moderne et contemporain a connu un semestre très sombre. Cependant, la dispersion par Me Loudmer de la collection du critique d’art Otto Hahn a été un succès.

PARIS. La vente d’art contemporain la plus importante du semestre a eu lieu le 1er juillet chez Me Loudmer. Elle comprenait la collection du critique d’art Otto Hahn, décédé il y a quelques mois, et a totalisé 8,72 millions de francs, soit 110 % de l’estimation. Comportant 56 lots, des œuvres dues à de grands noms, d’une provenance connue et estimée, cet ensemble a produit à lui seul 5 481 250 francs. Seuls deux lots n’ont pas trouvé preneur. Estimé entre 60 000 et 80 000 francs, un pastel de Jean-Michel Basquiat, King, a été adjugé 150 000 francs. Dédicacé "for Otto", Girl, un dessin aux crayons de couleur sur papier de Roy Lich­tenstein, daté de 1965, s’est vendu à 410 000 francs, contre une estimation de 120 000 à 150 000 francs.

Estimé entre 40 000 et 60 000 francs seulement, Psycho-objet, 1954, de Jean-Pierre Raynaud, s’est envolé à 310 000 francs. Un kaolin sur toile de Piero Manzoni, Achrome, 1959, s’est également bien vendu à 380 000 francs, contre une estimation de 180 000 à 200 000 francs.

La provenance de la collection de trente œuvres d’art contemporain du journaliste de télévision Guillaume Durand, ainsi que son accrochage dans l’exposition "Passions privées" au Musée d’art moderne de la Ville de Paris ont favorisé la vente organisée par Me Francis Briest le 19 juin : 5,5 millions de francs de produit vendu, frais compris, soit 70 % des lots. La moitié des pièces a été achetée par des Français – ce qui constitue un encouragement pour ce secteur –, un Américain se portant acquéreur de Sans titre, de Fran­cesco Cle­mente, pour 500 000 francs, son estimation basse.

La collection de 148 toiles de "Monsieur L.", constituée entre les années trente et soixante-dix par un imprimeur aujourd’hui âgé de près de 90 ans, a été dispersée chez Mes De Quay & Lombrail le 20 juin. Des œuvres modestes, parfois charmantes, dont 109 ont trouvé preneur à quelques dizaines de milliers de francs, tout au plus.

 

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°28 du 1 septembre 1996, avec le titre suivant : Ombre sur le tableau moderne

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