Nouveau président à la Cinoa

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 10 septembre 1999 - 542 mots

Nouveau président de la Confédération internationale des négociants en œuvres d’art, Walter Feilchenfeldt veut œuvrer pour l’amélioration de l’image du syndicat et lutter contre la politique agressive des auctioneers.

LONDRES (de notre correspondant) - Le marchand et expert zurichois Walter Feilchenfeldt a été élu au mois de juillet président de la plus grande organisation professionnelle du monde de l’art, la Confédération internationale des négociants en œuvres d’art. La Cinoa est composée de trente associations nationales, soit plus de cinq mille marchands dans vingt et un pays. Fils d’un galeriste installé à Zurich, Walter Feilchenfeldt a été élu président de l’Association des antiquaires suisses en 1996. Il a collaboré avec John Rewald pour la préparation du catalogue raisonné de Cézanne et, lors du débat sur l’authenticité des œuvres de Van Gogh, son avis d’expert a été très fréquemment sollicité. Il prépare actuellement une exposition sur les peintures inachevées de Cézanne, qui sera présentée à Vienne puis à Zurich l’an prochain.

Walter Feilchenfeldt s’est engagé à améliorer l’image de la Cinoa et à ne pas éluder les questions sujettes à controverse. “Je souhaite rendre notre profession plus respectable aux yeux du public et des gouvernements. Nous ne sommes pas des trafiquants ; nous payons des taxes et des impôts et sommes fidèles à un code déontologique”, a-t-il déclaré.

La Cinoa soutient les marchands britanniques dans leur lutte contre le projet de la Communauté européenne d’augmenter la TVA sur les importations. “Londres demeure une plate-forme mondiale pour le marché de l’art. La Grande-Bretagne a pour atouts majeurs la quantité de marchandises présentes sur son territoire, tel le mobilier des grandes demeures aristocratiques, et la puissance de son marché local. Affaiblir la place de Londres serait une catastrophe pour le marché international”. La Cinoa s’oppose également au droit de suite et prône la libéralisation des exportations, actuellement soumises à de sévères restrictions. Elle accepte le système de licence imposé par la Grande-Bretagne, tout en insistant sur les répercussions négatives de la réglementation italienne. “Si l’Italie disposait d’un marché libre, elle deviendrait une place importante puisque le pays a des réserves d’objets d’art. Les marchés sont toujours plus florissants lorsqu’ils sont libres”, souligne le nouveau président de la Cinoa.

La question des butins de guerre constitue une autre préoccupation du syndicat : “Les marchands devraient s’assurer que les œuvres qui passent entre leurs mains n’ont pas été dérobées entre 1933 et 1945. Il faudrait convenir d’ici un an ou deux que si une œuvre n’a jamais été réclamée, aucune réclamation ultérieure ne sera plus recevable”.

Enfin, s’agissant de la question controversée des relations entre marchands et maisons de vente, Walter Feilchenfeldt est décidé à défendre les intérêts de la profession. Avoir débuté sa carrière chez Sotheby’s ne l’empêche nullement de critiquer l’attitude trop agressive des maisons de vente qui, selon lui, se sont transformées en marchands. “Des conflits d’intérêts pourraient naître du fait que des auctioneers empiètent sur le territoire des marchands. Le prélèvement d’une commission tant sur l’acheteur que sur le vendeur est une autre pratique des maisons de vente qui va à l’encontre de l’éthique. Nous demandons en général un pourcentage inférieur à la commission réclamée par les auctioneers. Il nous faut mettre en avant les atouts de la profession : discrétion et conscience professionnelle.”

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°88 du 10 septembre 1999, avec le titre suivant : Nouveau président à la Cinoa

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