New York : ça passe ou ça casse

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 12 novembre 2007 - 532 mots

Plus que jamais les ventes d’art contemporain du mois de novembre à New York feront office de test. Test d’abord quant à la capacité du marché à absorber une grosse cavalerie pas toujours affriolante mais aux estimations gonflées. Test aussi pour la participation des Américains, lesquels furent modérément actifs sur la foire londonienne Frieze, avec un dollar en très forte baisse par rapport à la livre sterling. Pour leur part, les quelques pointures américaines visibles à la Foire Internationale d’Art Contemporain (Fiac), tels Don et Mera Rubell, semblaient à Paris en touristes. Les Américains ont néanmoins représenté en moyenne 30 à 35 % des clients des ventes londoniennes d’octobre. « Les ventes de Christie’s New York dans toutes les disciplines sont en hausse de 12 % pour la période septembre-octobre et les Américains ont été plus que très actifs depuis la rentrée, assure François Curiel, président de Christie’s Europe. Il me semble donc que ces derniers seront présents lors des ventes de novembre. Ils auront évidemment en face d’eux des concurrents européens assez costauds, grâce à l’euro fort. » Christie’s a pourtant du souci à se faire avec certains lots surestimés dans sa vente du 13 novembre. Comment réussira-t-elle à céder sur une estimation de 25 millions de dollars une Liz moyenne de Warhol, mise en vente par l’acteur anglais Hugh Grant, alors que cette toile avait péniblement été adjugée 3,5 millions de dollars par Sotheby’s en 2001 ? L’écurie de François Pinault a aussi mis la barre très haut en proposant pour l’estimation officieuse de 12 millions de dollars un diamant bleu de Jeff Koons appartenant à l’éditeur allemand Benedikt Taschen, alors qu’une version verte s’était vendue pour un peu plus de 3 millions de dollars sur la foire Art Basel en 2005. De son côté, Sotheby’s court un moins grand risque le 14 novembre avec un très beau Bacon, Study for Bullfight, estimé à plus de 35 millions de dollars. Mais réussira-t-il pour autant à vendre à 15 millions de dollars le grand cœur très « tarte » de Jeff Koons, appartenant au collectionneur américain Adam Lindemann ? Officiellement, les maisons de ventes ne prévoient pas de faire baisser les prix de réserve. « Les prix de réserve sont fixés au mieux vingt-quatre heures sinon le plus souvent deux heures avant une vente. Ça se fait toujours au dernier moment », observe Grégoire Billault, spécialiste de Sotheby’s, en rajoutant : « le marché de l’art réfléchit en dollars et non en euros, ce qui est avantageux aujourd’hui aussi bien pour les Européens que pour les Américains. »
« Les maisons de ventes affichent un optimisme de rigueur, en réalité elles ont peur, car ces ventes sont à risques, note toutefois un fin observateur américain. La qualité des œuvres est inférieure aux dernières saisons. Les auctioneers ont pris ce qu’ils trouvaient, ont ramé et se sont battus avec des estimations et garanties déraisonnables. Les ventes de novembre sont plus risquées qu’auparavant car la qualité n’est pas là. Je ne serais pas étonné qu’il y ait des accidents. » À moins que les maisons de ventes trouvent encore une fois des pigeons. Le tir a commencé, tout comme le compte à rebours.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°268 du 2 novembre 2007, avec le titre suivant : New York : ça passe ou ça casse

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