Corse

Napoléon au pays

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 13 mai 2005 - 584 mots

J.-P. Osenat a organisé une vente Empire sur l’île de Beauté.

AJACCIO - La première vente publique en Corse : Jean-Pierre Osenat l’a faite ! Une vacation modeste de 87 lots de souvenirs napoléoniens s’est tenue le dimanche 24 avril à Ajaccio, ville natale de l’Empereur et avant-dernière étape de la « croisière impériale » (un voyage de trois semaines à bord du paquebot MSC Rhapsody pour une traversée multi-escales de Cape Town à Gênes, animée d’un cycle de conférences sur Napoléon). « Il s’agit un clin d’œil à Napoléon et à la Corse. Tout est parti de la croisière. Les passagers devaient nous rejoindre pour la vente. Mais le bateau avait plusieurs heures de retard. Les amateurs corses s’étaient déplacés en nombre au rendez-vous, dans la cour anglaise de l’hôtel de ville d’Ajaccio. On ne pouvait attendre les retardataires », relate le commissaire-priseur Jean-Pierre Osenat, spécialiste des ventes à thème napoléonien.
Estimée 50 000 euros, la vente était essentiellement composée de livres, autographes, armes, décorations, avec quelques objets d’art et souvenirs historiques. « Les Corses sont passionnés d’histoire, mais pas de décoration. C’est pourquoi je suis venu avec des documents et des médailles et non avec du mobilier Empire. » In fine, un peu plus de 300 000 euros ont été récoltés et seuls 15 lots n’ont pas trouvé preneur. Entre autres amateurs, étaient présents le frère d’Ivan Colonna et le prince Charles Napoléon (descendant de Bonaparte), lequel a acheté quelques autographes pour la mairie d’Ajaccio où il est adjoint.

Achat de documents
Malgré la participation active des habitants de l’île, les principaux lots, décrochés au téléphone, sont repartis en métropole tel un projet de plaque de grand aigle de la Légion d’honneur entièrement brodée de cannetille, de lamés et de paillettes d’argent, ayant appartenu à Mgr de Belloy (lequel fut choisi par Bonaparte pour être archevêque de Paris). Il a été emporté au prix fort de 59 200 euros par les Amis du Musée de la Légion d’honneur pour le musée parisien de la Légion d’honneur. Un Français du continent a acquis une grenade d’honneur en vermeil donnée au citoyen Dutemple pour ses actes de bravoure lors de combats sur le front, sur une enchère de 58 970 euros, soit un record pour ce type d’objet. Toujours au profit d’acheteurs français, une aigle de drapeau au modèle 1804 s’est envolée pour 33 020 euros, trois fois son estimation haute ; des couverts (cuillère et fourchette) en argent ciselé, portant les grandes armes de l’Empereur et provenant de Sainte-Hélène, ont été adjugés 23 000 euros et un fragment de la tapisserie de la chambre mortuaire de Napoléon Ier, relique estimée 500 euros, est parti à 2 950 euros. Un collectionneur corse a emporté pour 7 080 euros une Légion d’honneur de chevalier du 3e type certifiée « portée par Napoléon » et accompagnée de quatre cheveux de l’Empereur garantis d’origine. Les insulaires ont surtout acheté des documents autographes et des armes blanches du Ier Empire. « C’était amusant, mais je ne sais pas si je referai une vente en Corse, commente le commissaire-priseur. Car on s’adresse ainsi uniquement à la clientèle de l’île. Les collectionneurs habituels qui voudraient y participer seraient contraints de prendre un avion ou un bateau… » Jean-Pierre Osenat poursuivra néanmoins son périple napoléonien qui le conduira l’an prochain à tenir le marteau sur l’île d’Elbe, puis à plus long terme à Sainte-Hélène. En attendant, il concocte pour une armée de passionnés sa prochaine vacation de prestige programmée en juillet.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°215 du 13 mai 2005, avec le titre suivant : Napoléon au pays

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